Une joyeuse Grande-Duchesse de Gérolstein à l’Odéon de Marseille
Marseille, Théâtre de l’Odéon, samedi 13 janvier 2024, 14h30
La Grande-Duchesse de Gérolstein, opéra bouffe en trois actes de Jacques Offenbach
Jean-Christophe Keck (Direction musicale). Yves Coudray (Mise en scène)
Laurence Janot (La Grande Duchesse) ; Julia Knecht (Wanda) ; Pierre-Antoine Chaumien (Fritz) ; Franck Leguérinel (Général Boum) ; Alfred Bironien (Prince Paul) ; Dominique Desmons (Baron Puck) ; Jean-Christophe Born (Baron Grog) ; Antoine Bonelli (Népomuc)
Chœur de l’Opéra de Marseille
Orchestre de l’Odéon
Après La Veuve joyeuse à l’Opéra de Marseille pour la fin d’année 2023, les festivités se prolongent un peu au Théâtre de l’Odéon avec cette Grande-Duchesse de Gérolstein très réussie. Avec des moyens scénographiques réduits, mais diablement efficaces pour planter les décors des tableaux et actes successifs, Yves Coudray monte un nouveau spectacle où l’humour est bien dosé en permanence. On sourit en effet souvent et on rit parfois de bon cœur, mais en évitant la grosse rigolade et en conservant tout du long la finesse du livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy.
Nous sommes dans un campement militaire au premier acte, tente à gauche et miniature de château à droite, tandis que le linge sèche au centre sur des cordes à linge. La carte du Grand-Duché de Gérolstein déployée en fond de plateau nous fait penser à une autre mise en scène, celle bien connue de Laurent Pelly pour La fille du régiment de Donizetti, très beau spectacle qui avait tourné il y a quelques années dans les plus grandes maisons d’opéra. Mais pour revenir à ce pays imaginaire de Gérolstein, l’action et les mouvements sont ici fluides, malgré l’espace scénique réduit. On passe ensuite chez la Duchesse au II, et une carte de ses appartements cette fois en toile de fond, avant de revenir dans la deuxième scène du III conclusif au camp militaire du I pour le mariage de la Grande-Duchesse et du prince Paul.
Quelques applaudissements partent à l’entrée en scène de Laurence Janot, qui incarne une Grande Duchesse de très belle allure, portant haut son rang dans ses élégantes robes, surplombées de riches bijoux et chapeaux ou diadèmes. Le bilan est plus contrasté du point de vue vocal, entre passages plutôt agréables et séquences moins confortables où la chanteuse devient plus confidentielle et semble peiner par instants à retrouver son souffle. L’autre protagoniste féminine Julia Knecht compose une Wanda davantage homogène, musicalité appréciable et un timbre un peu pointu qui correspond cependant à ce répertoire.
Côté masculin, Pierre-Antoine Chaumien est un Fritz d’une belle présence, voix bien placée dans le médium, ainsi que pour ses nombreux dialogues. Le registre aigu sonne en revanche plus resserré et s’épanouit moins sereinement. L’autre ténor Alfred Bironien en Prince Paul se montre plus sonore sur l’étendue de sa tessiture, mais dans une moindre séduction de timbre. Malgré un instrument usé et un vibrato développé, Franck Leguérinel reste un impayable Général Boum, caricature de militaire qui rugit régulièrement ses ordres. La distribution est complétée par certains habitués des lieux, véritables figures de l’Odéon, comme Dominique Desmons ou encore Antoine Bonelli, désormais meilleurs diseurs que chanteurs.
Le rendu musical produit par la vingtaine d’instrumentistes présents est de belle qualité, l’ensemble étant placé sous la direction de Jean-Christophe Keck, chef, musicologue et éminent spécialiste de l’œuvre de Jacques Offenbach. Dès l’ouverture, véritable pot-pourri des thèmes qui seront développés par la suite, on goûte aux charmantes mélodies, en particulier celles jouées par la flûte. Les quelques choristes de l’Opéra de Marseille participent à cette réussite d’ensemble.
F.J. © Photos Christian Dresse
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