Verdi en force !
Dimanche 20 octobre 2024, Zénith de Toulon
La forza del destino, opéra de Giuseppe Verdi
Direction musicale, Victorien Vanoosten. Mise en scène et décors, Yánnis Kókkos. Chorégraphie, Marta Bevilacqua. Costumes, Paola Mariani. Lumières, Giuseppe di Iorio. Vidéo, Sergio Metalli. Dramaturgie, Anne Blancard
Jacques-Greg Belobo (Marquis de Calatrava) ; Yunuet Laguna (Donna Leonora) ; Stefano Meo (Don Carlo di Vargas) ; Samuele Simoncini (Don Alvaro) ; Éléonore Pancrazi (Preziosilla) ; Vazgen Gazaryan (Padre Guardiano) ; Leon Kim (Fra Melitone) ; Yoann Le Lan (Maître Trabuco) ; Séraphine Cotrez (Curra)
Orchestre et Chœur de l’Opéra de Toulon
Chœur de l’Opéra national Montpellier Occitanie
Voir toute la saison 2024-2025 de l’Opéra de Toulon-Provence-Méditerranée
La Forza del destino dans la réalisation visuelle de Yannis Kokkos continue son bonhomme de chemin : créée à l’automne 2022 au Festival Verdi à Parme, elle a déjà fait escale à Bologne, puis sur la scène du Corum de Montpellier il y a tout juste un mois. Les travaux de rénovation du bâtiment historique de l’Opéra de Toulon se poursuivant, c’est à nouveau dans le vaste espace du Zénith qu’est accueilli le spectacle. La mise en scène est lisible et suit les différentes péripéties – parfois improbables ! – du livret, dans la scénographie sensiblement dépouillée de Yánnis Kókkos lui-même.
A une exception près, on retrouve la solide distribution vocale entendue à Montpellier, en premier lieu la formidable soprano mexicaine Yunuet Laguna en Leonora. La chanteuse possède une rare qualité de musicalité, un timbre absolument charmant et une impressionnante facilité à atteindre ses aigus, aussi bien exprimés dans une très large palette de nuances forte – piano. Son dernier grand air au quatrième acte « Pace, pace mio Dio » est une splendeur, aux notes filées accompagnées à la harpe et la flûte.
Remplaçant Konstantine Kipiani souffrant, le ténor Samuele Simoncini compose un Don Alvaro au style particulièrement volontaire, mais plus séduisant dans la partie la plus aiguë de sa voix, en comparaison d’un registre grave au vibrato moins élégant. Le baryton Stefano Meo en Don Carlo tient également son rôle dignement, dès son premier grand air « Son Pereda », aux notes les plus aiguës un peu tendues toutefois. Il est à noter que tous les solistes sont sonorisés, procédé qui flatte assurément le volume de plusieurs protagonistes, en plus de donner une touche de comédie musicale avec ces micros miniatures accrochés sur l’oreille. Cette amplification transforme ainsi certains interprètes, d’ordinaire un peu discrets, en plus grosses voix ici, comme Jacques-Greg Belobo dans le rôle épisodique du Marquis de Calatrava.
L’autre basse Vazgen Gazaryan en Padre Guardiano dispose d’un beau timbre au creux certain dans le grave, conférant ainsi autorité au personnage, mais il semble régulièrement précautionneux sur plusieurs passages. Éléonore Pancrazi apporte du panache à sa Preziosilla, voix dynamique qui amène de l’abattage à sa prestation pour assurer sauts d’intervalle et autres notes piquées. On admire également le Melitone sonore et joliment timbré de Leon Kim, ainsi que le Trabuco du vigoureux ténor Yoann Le Lan, une voix prometteuse.
Les chœurs de l’Opéra de Toulon ayant été du voyage pour les représentations à Montpellier en septembre, ce sont logiquement les deux formations que l’on retrouve réunies sur la scène du Zénith. Les forces montpelliéraines et toulonnaises forment un ensemble d’un bel impact et suffisamment coordonné, mis à part un petit relâchement durant le dernier acte. Directeur musical de l’Opéra de Toulon, le chef Victorien Vanoosten conduit une musique pleine de contrastes, ceci dès l’Ouverture, entre délicatesse des moments doux aux tempi alanguis et passages plus agités. Il faut signaler enfin que les musiciens sont aussi amplifiés par micros d’ambiance, un procédé qui écrase notablement les diverses amplitudes sonores.
IF © Frédéric Stéphan, KBouffard
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