Une opérette viennoise de chambre… tonique
Odéon de Marseille. 12 & 13 décembre annulés. Captation vidéo.
La Chauve-souris, Johann Strauss fils
Opérette en 3 actes. Livret de Henri MEILHAC et Ludovic HALÉVY
Direction musicale Didier BENETTI. Mise en espace Jacques DUPARC
Caroline Jennifer MICHEL. Arlette Julia KNECHT
Tourillon Jean François VINCIGUERRA. Gaillardin Florian LACONI. Duparquet Philippe ERMELIER. Alfred Christophe BERRY. Orlowsky Alfred BIRONIEN. Léopold / Bidard Jacques DUPARC
Orchestre de l’Odéon
La vidéo a été mise en ligne le vendredi 25 décembre 2020 à 18h sur marseille.fr et odeon.marseille.fr jusqu’au dimanche 24 janvier 2021
On pouvait encore regarder Jeanne qui pleure et Jean qui rit, opérette en un acte de Jacques Offenbach enregistrée au Théâtre de l’Odéon et disponible sur odeon.marseille.fr jusqu’au mardi 19 janvier 2021
Une production qui aurait dû faire pétiller en salle les fêtes de fin d’année, sous la direction malicieuse de Didier Benetti et dans une mise en scène pleine de fantaisie de Jacques Duparc. Annulée en spectacle public, elle est disponible sur la Toile du 25 décembre au 24 janvier 2021
Quelle délicieuse énergie dans cette Chauve-souris tournée sans public à Marseille en décembre comme cadeau de fin d’année, accompagnée des vœux de Maurice Xiberras et de son équipe !
Il s’agit d’une version a minima, une opérette de chambre, où l’espace scénique se partage entre une petite douzaine de musiciens, masqués sauf les vents, et la palette de joyeux solistes. Jacques Duparc, maître de l’opérette s’il en est, assure la mise en espace, et endosse les deux rôles de Léopold et Bidard – des utilités – tout en offrant les commentaires comiques avant chaque acte. Et il aime ça, le bougre, tout comme en habit de geôlier il l’aime, sa prison pour le moins foutraque !
Une version réduite, nerveuse et rythmée, au point que l’on ne s’étonne même pas que le grand bal du prince Orlovsky soit si intime ! Et que le masque du maestro Didier Benetti ait des envies d’évasion dans la joie virevoltante d’une Vienne endiablée.
Tous les chanteurs sont des bêtes de scène aguerries qui n’ont pas besoin de surjouer pour avoir le geste et le ton justes. Et de très belles voix, belle projection, parfaite intelligibilité. Jennifer Michel (Caroline Gaillardin) poursuit sa carrière avec un timbre qui s’arrondit, Julie Knecht (Arlette) adoucit peu à peu l’acidité initiale en passant de la chambrière espiègle à la dame du monde mutine. Belle galerie de talents aussi côté masculin, avec un trio bien connu qui mène l’action tambour battant : le ténor piégé par les deux barytons, tous trois d’abord formés au théâtre. Florian Laconi (Gaillardin), Jean-François Vinciguerra (Tourillon, directeur de « la prison de Pontoise, Seine-et-Oise ») et Philippe Ermelier (Duparquet) sont de sacrés compères, et, si l’on ne s’étrangle pas de rire comme à la création, on se régale tout autant.
Quant à Alfred Bironien – un habitué de la scène marseillaise de l’Odéon -, sa dégaine ébouriffe allègrement l’image habituelle du prince Orlovsky.
Jacques Duparc dévide avec une évidente jubilation le fil rouge du récit, et ravive l’opérette en pointant le doigt droit devant : « vous, madame, devant votre écran… ». Tel est le piquant de ce genre qui allie charmante désuétude et clins d’œil à l’actualité…
Une mention spéciale pour la caméra, qui entre dans la danse, qui valse autour des artistes, qui enlace l’un, caresse l’autre, et joue pleinement sa partition.
G.ad. Photos G.ad. (capture d’écran).
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