Parc du Château de Florans, La Roque d’Anthéron le 8 août 2020. Festival international de piano de La Roque d’Anthéron 2020
Espace Florans à 17h00 :
Beethoven, Sonate n°23 « Appassionata » : Nour Ayadi
Beethoven, Sonate n°24 « à Thérèse » : Claire Désert
Beethoven, Sonate n°25 : Kojiro Okada
Beethoven, Sonate n°26 « Les Adieux » : Claire Désert
Beethoven, Sonate n°27 : François-Frédéric Guy
Beethoven, Sonate n°28 : Jean-Efflam Bavouzet
Auditorium du Parc à 21h00 :
Beethoven, Sonate n°29 « Hammerklavier » : François-Frédéric Guy
Beethoven, Sonate n°30 : Emmanuel Strosser
Beethoven, Sonate n°31 : Rodolphe Menguy
Beethoven, Sonate n°32 : Nicholas Angelich
Première soirée Beethoven, avec les Sonates 23 à 32, sous les doigts de dix pianistes de haut vol, talents reconnus ou étoiles en devenir.
Dans le cadre de l’intégralité des 32 sonates pour piano de Beethoven, rendez-vous est pris à 17h00 à l’Espace Florans, espace extérieur limité à 150 spectateurs en ces temps perturbés par la Covid-19. Le piano est placé sur une petite scène dans l’alignement d’une allée bordée de platanes de part et d’autre. Un lieu très agréable lieu, qui a aussi le grand avantage de protéger le public du soleil, celui-ci jouant toutefois par moments à cache-cache au travers des frondaisons. Néanmoins, la sonorisation, absolument nécessaire dans un tel lieu, est de qualité, mais ce son amplifié et restitué par de puissants haut-parleurs perturbe l’appréciation de l’auditeur, en particulier pour ce qui concerne les nuances qui perdent souvent de leurs contrastes entre elles.
Honneur aux dames cet après-midi avec la jeune Nour Ayadi (née en 1999) dans la Sonate n°23 « Appassionata » qui met justement beaucoup de passion dans les arpèges du premier mouvement Allegro assai. Elle montre aussi caractère et fluidité dans l’Andante con moto et l’Allegro ma non troppo qui suivent.
Les jeunes alternent avec des solistes plus expérimentés, à commencer par Claire Désert qui propose un jeu très soigné, des notes bien détachées dans la Sonate n°24 dite « à Thérèse », une composition plutôt joyeuse avec ses deux mouvements Allegro ma non troppo puis Allegro vivace. La musicienne dessine plus tard une atmosphère plus sombre et pesante à l’entame de la Sonate n°26 dite « Les Adieux » et délivre ensuite beaucoup d’engagement dans le dernier mouvement « Vivacissimamente », avec un beau brillant sur le final.
Entre ces deux sonates, la n°25 est confiée au jeune Kojiro Okada (né à Bordeaux il y a 20 ans), un très joli style dans le premier mouvement « Presto alla tedesca » qui peut justement évoquer l’Allemand Bach, puis certaines attaques puissantes dans les Andante et Vivace qui enchaînent, sachant aussi alléger pour caractériser les séquences gaies, sautillantes, dansantes.
La Sonate n°27 montre d’emblée le caractère marqué de l’interprète François-Frédéric Guy, une technique très sûre dans cet opus à deux mouvements (Allegro et Rondo), une interprétation au service de l’œuvre et du compositeur.
Pour clore l’après-midi, la Sonate n°28 nous permet de goûter une nouvelle fois au jeu très intériorisé de Jean-Efflam Bavouzet. Le bagage technique est également sans failles, le rythme bondissant dans le deuxième mouvement « Adagio ma non troppo con affetto », le final « Allegro ma non troppo » évoquant une fugue de Bach avec les entrées successives de la phrase musicale, du très grand piano.
François-Frédéric Guy est de retour en soirée, cette fois dans l’Auditorium à l’acoustique naturelle magnifiquement renvoyée par la conque. La Sonate n°29 dite « Hammerklavier » est un morceau de choix d’une durée de 45 minutes. Le pianiste met une grande densité dans ses premières attaques de l’Allegro, puis développe un long discours musical digne d’un concerto. Le soliste délivre douceur et délicatesse dans le 3ème mouvement, le long Adagio sostenuto, puis applique de grands frappés, des accords majestueux dans le dernier « Largo – Allegro risoluto », qui se termine en apothéose.
Emmanuel Strosser enchaîne dans la Sonate n°30, un très beau piano successivement lent, virtuose, poétique et calme qui fait ressortir la beauté intrinsèque des mélodies. Le troisième mouvement final Andante expose un thème développé en variations, avec une main gauche parfois en ostinato sur quelques notes.
Comme tout au long de cette intégrale des sonates où les pianistes confirmés alternent avec de jeunes talents, c’est au tour de Rodolphe Menguy (22 ans) dans la Sonate n°31. Il semble d’abord effleurer, survoler le clavier dans le Moderato cantabile molto espressivo », puis fait preuve d’une grande dextérité et d’une grande force, en particulier dans la main gauche.
C’est à Nicholas Angelich qu’il revient de clore le cycle, l’interprète donnant une substantielle épaisseur dramatique à la Sonate n°32. Il fait montre d’une remarquable vitesse d’exécution dans le Maestoso, puis propose une Arietta très intériorisée avant un style plutôt staccato lorsque la partition s’agite.
A l’issue de cette soirée d’une durée de deux heures précises, c’est l’ensemble des dix pianistes interprètes de l’intégrale des sonates – Nour Ayadi, Claire Désert, Nicholas Angelich, François-Frédéric Guy, Jean-Efflam Bavouzet, Emmanuel Strosser, Kojiro Okada, Rodolphe Menguy, Manuel Vieillard, Yiheng Wang – qui vient saluer et le public remercie chaleureusement les artistes. (F.J.)
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