Un jeune talent, déjà une très grande pointure, pour un concert virtuose aux atmosphères contrastées
Dimanche 7 janvier, 16h, Grande Salle de l’Arbousière, Châteauneuf-de-Gadagne
Jean-Paul Gasparian, piano. Programme : Rachmaninov, Tchaïkovsky, Arno Babadjanian
Tarif : 18€, (gratuit -18 ans, chômeurs, étudiants). Réservations : lebandesartscdg@gmail.com, ou billetweb/musicales-de-gadagne, ou 06 07 48 02 96
Dans le cadre des Musicales de Gadagne, le Ban des Arts présidé par Alain Simon a accueilli en ce début d’année 2024 à Châteauneuf-de-Gadagne le jeune pianiste Jean-Paul Gasparian (28 ans, site officiel) dans un programme russe à consonance romantique. Déjà une très grande pointure, plébiscitée dans les grands festivals comme à La Roque d’Anthéron en 2019 et sur les scènes prestigieuses, qui avait été nommée aux Victoires de la musique 2021.
Depuis sa naissance, le pianiste Jean-Paul Gasparian vit dans la musique (voir notre entretien de novembre 2022). Nous l’avions admiré lors du concert Rachmaninov, jouant le 1er concerto pour piano à l’Opéra d’Avignon le 25 novembre 2013, sous la direction de Rani Calderon (voir le compte rendu dans nos pages). Un autre des chroniqueurs de Classiqueenprovence l’avait entendu en récital à La Roque d’Anthéron en août 2019.
En ouverture du concert de ce début d’année, le pianiste nous a offert les Saisons de Tchaïkovsky (1840-1893). Il s’agit d’une suite de morceaux composés entre novembre 1875 et mai 1876. Chaque pièce est accompagnée d’une épigraphe poétique en russe. Ces morceaux de commande sont brillants, bien que peu investis par le compositeur qui voyait là juste un moyen de gagner sa vie. Certains sont plus joués que d’autres (Juin et octobre) et dégagent une atmosphère légèrement surannée. De Janvier, au coin du feu à Octobre, chant d’automne, le pianiste offre des couleurs variées et brillantes avant de revenir à des intonations plus tristes et plus pensives. Le Chant d’automne est une belle ponctuation pour clore ces saisons.
Les trois Préludes op 23 de Rachmaninov (1873-1943) qui suivent s’inscrivent dans la logique du pianiste. Il nous disait en novembre «…Rachmaninov occupe (pour moi) une place centrale. Mon début de discographie en est le meilleur exemple puisque j’ai consacré totalement ou partiellement 3 de mes 4 premiers disques à Rachmaninov ». Nommé dans la catégorie « soliste instrumental » des Révélations des Victoires de la Musique Classique 2021, Jean-Paul Gasparian avait alors enregistré le Prélude op 23 n°4, pièce que nous pouvons encore écouter sur internet. L’artiste met son âme au bout des doigts ! Avec les préludes n°6 et 7, le pianiste s’est montré tout aussi éblouissant dans les moments de virtuosité que dans les passages plus introspectifs.
C’est le moment que choisit ensuite Jean-Paul Gasparian pour présenter au public une courte biographie du compositeur programmé ensuite et qu’il aime tout particulièrement Arno Babadjanian (1921-1983) : « La réputation de Babadjanian en tant que compositeur fut révélée dès les années 1940. En tant que pianiste, Babadjanian avait un talent exceptionnel, ne jouant pas uniquement ses propres œuvres mais également en brillant interprète des œuvres de Rachmaninov, Chopin et Beethoven. Au piano, Babadjanian avait une envergure proprement rachmaninovienne et sa palette étincelait de couleurs peu communes ».
Le public, venu nombreux dans cette grande salle de l’Arbousière, se régale alors d’entendre plusieurs pièces voisines dans leur composition : Prélude, de 1943, Vagharshapat Dance, de 1944, enfin Impromptu et Capriccio de 1951. Cette programmation, très inspirée du folklore arménien, très dynamique, présente de nombreux changements rythmiques. Gasparian donne à la musique un relief somptueux, fait de contours soigneusement tracés, aussi bien dans les moments de grande retenue que dans les moments d’euphorie. Sous ses doigts, les mouvements acquièrent sans cesse une nouvelle impulsion.
Après une courte pause, la Grande sonate n°2 en sol majeur op 37 de Tchaïkovsky (1840-1893) a conclu le programme avec ses 4 mouvements monumentaux. Cette composition peu connue et complexe est très rythmée, et son amplitude est plus symphonique que pianistique. Cette œuvre imposante et passionnée s’écoute comme une épopée russe. Toute la palette orchestrale que déploie le compositeur permet au pianiste de laisser libre cours à son art du clavier pour clore ce récital en feu d’artifice. Un pendant intéressant quand on a ouvert la soirée avec Les Saisons plus intimistes du même compositeur.
Avant de quitter définitivement la scène, le pianiste qui n’est pas avare de bis… a offert en rappel la magnifique pièce brève et émouvante de Babadjanian : Elegy in Memoriam Aram Khatchatourian (1978), démontrant une fois de plus l’étendue du talent de ce compositeur, puis la pièce symphonique Rondes de printemps (la dernière des Images pour orchestre) de Claude Debussy transcrite pour piano par le père du pianiste, Gérard Gasparian.
La virtuosité a conclu ce concert de très haut niveau, aux atmosphères contrastées.
D.B. Photos M.A.
BERTRAND dit
La programmation du Ban Des Arts à Chateauneuf de Gadagne ne mérite que des éloges. Ce grand pianiste JP Gasparian avec son programme Rachmaninoff et Tchaikovsky a conquis tous les mélomanes qui lui ont fait une ovation meritée et encore merci de nous avoir fait découvrir ce grand compositeur armenien Babadjanian.
Classique dit
Merci, Bertrand, pour votre message. N’hésitez pas à nous suivre régulièrement, à fréquenter le Ban des Arts – à la programmation éclectique – et d’autres structures – dans une région qui n’en manque pas -, et à partager vos coups de coeur…
Cordialement,
G.ad.