J’ai raté ma vie de tapin en voulant faire l’acteur, Théâtre La Luna, 15h50, du 7 au 29/07, Tel 04 12 29 01 24, et par Internet. Seule en scène (à partir de 15 ans)
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Tout est dit dans le titre… ou presque !
Pierre Notte a écrit un texte qui n’est pas (encore ?) édité. Il y dévoile une partie très intime de sa vie. Son adolescence et ses débuts d’adulte n’ont pas été faciles. Pourtant, d’aucuns pourraient dire qu’il a réussi sa vie : des pièces jouées et des romans publiés ; des mises en scène et du journalisme spécialisé dans le théâtre, jusqu’au prestigieux Secrétariat Général de la Comédie-Française. Cependant, certaines circonstances professionnelles ne se rapprochent-elles pas aussi d’une sorte de prostitution ? Le texte est fort, troublant, bouleversant. Comment peut-on tomber physiquement et moralement dans l’abîme du désespoir et de la prostitution ?
Pierre Notte ne se cache pas derrière un voile. Celui-ci sera pourtant présent sur les planches, grâce à la mise en scène d’Yves Penay. Ce dernier a déjà travaillé avec Pierre Notte et d’autres noms prestigieux du théâtre contemporain, dont – pour les fidèles d’Avignon, Andrée Chedid et Pierrette Dupoyet -. Pour J’ai raté ma vie de tapin en voulant faire l’acteur, l’adaptation du texte a été faite avec l’auteur, et l’actrice Cécile Fleury. Le décor est réduit, mais non sans importance car bien utilisé. En outre, un jeu de lumières intéressant souligne les différents tableaux. Or ces derniers sont nombreux, on pourra s’y perdre un peu entre le rêvé et le vécu. Une concentration certaine est demandée aux spectateurs. Et heureusement, le débit imposé au début de la représentation ne dure pas. En revanche, la présence physique prend de plus en plus d’importance. Et la gestuelle souligne, voire supplée certains mots qui seraient très (trop ?) crus.
Pour l’interpréter, Cécile Fleury a été choisie. « Une femme pour un tel texte ?! Et elle le dit au masculin ?! » se sont interrogés quelques spectateurs. « C’est pour montrer combien les genres et même non-genrés sont concernés par les errances et la prostitution. » me répondra Yves Penay. En cela, l’effet fonctionne parfaitement. De surcroît, le jeu de Cécile Fleury donne au texte un relief très fort. Des spectatrices l’ont cru danseuse, tant elle contrôle toute son expressivité. Il s’agit d’une véritable performance.
On n’ira pas voir ce spectacle par hasard. Et, cette adaptation tricéphale ne laissera personne indifférent. Elle évoque un phénomène qui existe toujours, sur lequel d’ailleurs les autorités montrent désormais une vraie prise de conscience des autorités. Et la prostitution des étudiants est étonnamment mise dans l’actualité en ce printemps 2023.
Norbert
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