« C’est toujours un 1er rendez-vous »
« Tournée d’adieu », à l’invitation de l’association des Amis de Jean Ferrat-Un cri.
Vendredi 21 février 2020, 21h, Salle des fêtes, route de Vedène, avenue Pablo Picasso, Sorgues
Il est des êtres qui semblent nés pour enchanter le monde. Isabelle Aubret est de ceux-là…
Quand elle apparaît dans le halo des projecteurs, elle ferait même de l’ombre à la lumière. Dans sa longue robe blanche (1e partie), on aurait dit une mariée. Et même dans sa robe noire (2nde partie) elle irradie plus que les sunlights.
Quand elle chante, on a des perles dans les yeux, qu’elles soient larmes ou étoiles, on a, à tout jamais, le cœur à marée haute. Isabelle Aubret, elle qui s’est choisi un prénom si espiègle, c’est un concentré d’énergie capable d’épuiser tous les Duracell du monde. Fleur bleue ? Certes, mais une fleur qui parfois hurle, enrage, s’indigne.
Quand elle entonne « Ils étaient 20 et 100 », le silence devient plus intense ; tout le monde sait sans doute que Jean Ferrat enfant avait vu son père partir pour Auschwitz, et que c’est en 1963 qu’il écrivit Nuit et brouillard – bientôt censurée. En ce soir du 21 février 2020 la chanson prend toute son acuité dans la récente folie d’un Allemand d’extrême-droite qui a ouvert le feu sur 9 personnes.
Que ce soit dans le coup de poing de Nuit et brouillard ou dans la caresse de Deux enfants au soleil, Isabelle Aubret est vivante, furieusement et insolemment vivante, définitivement vivante. Grands standards de son répertoire, ou nouveaux titres enthousiastes, elle ouvre grands les bras pour offrir son univers, dynamité d’autant de révoltes que construit d’espérances.
Se tenir debout, c’est son leitmotiv d’artiste et de femme. Et s’il est quelqu’un qui peut en mesurer toute la peine saveur, c’est bien elle ; elle qui ne retient de ses deux terribles accidents et de la perspective alors inéluctable du fauteuil roulant, que la volonté farouche de se mettre en marche et d’aller de l’avant, envers et contre tout.
Une femme debout, une femme libre, qui est tout sauf mièvre et lénifiante. Si son public compte plus de cheveux blancs que de cheveux blonds, les moins de 20 ans qui étaient dans la salle ce soir n’étaient pourtant pas les moins séduits.
Avec sa silhouette d’adolescente, ses yeux d’une eau profonde qui brillent du feu intérieur, sa pugnacité, sa voix toujours juvénile, son léger vibrato dont le clair velours vous chavire le cœur, elle vous interpelle avec bienveillance : « On n’a pas le temps, mais le temps nous a… ». Le temps qui passe est avec elle, par elle, pour toujours suspendu. Et pourtant voilà la « tournée d’adieu », ou plutôt derniers rendez-vous.
Avec une émotion vite réprimée, elle a tenu à remercier le public, ainsi que tous ses proches et soutiens, dont Gérard Meys, son mari et producteur, légataire universel de Jean Ferrat ; un Jean Ferrat disparu à 80 ans en mars 2010 et qu’il avait lancé en 1959. Isabelle avait appris le décès de Jean Ferrat alors qu’elle était sur scène… et elle avait réussi à mener jusqu’au bout son tour de chant, après avoir partagé la nouvelle avec le public.
C’est en octobre 2016 qu’Isabelle Aubret avait fait ses adieux au public parisien ; et depuis lors, elle s’offre quantité de « premiers rendez-vous », à chaque fois « comme une première à l’Olympia ». Les places s’étaient envolées très vite pour ce concert à Sorgues (84), organisé par l’association des Amis de Jean Ferrat-Un cri. Nous-mêmes avons connu le marathon pour acheter des places dans les dernières semaines, malgré la jauge confortable de cette toute nouvelle salle récemment rénovée.
Et, si la chanteuse a offert, avec ses tripes dans chaque texte, plus de 30 chansons, gardant pour la fin, après plusieurs rappels, La Source a capella, en présence de l’auteur avignonnais Guy Bonnet – ovation debout -, elle a encore accueilli les nombreux spectateurs, un à un, pour la traditionnelle séance de dédicaces, avec un mot aimable pour chacun…
Isabelle Aubret a foulé plusieurs fois les planches du Vaucluse ces dernières années : actrice en juillet 2010 alors qu’elle jouait, contre toute attente mais avec tant de délicatesse, les salutaires Monologues du vagin au théâtre des Béliers, au cœur du Festival Off ; chanteuse, toujours aussi jeune et lumineuse, en mai 2018, au Festival Brassens à Vaison-la-Romaine.
A l’heure où elle va écrire une nouvelle page de sa vie, dans le théâtre plutôt que dans la chanson, sa voix est toute chargée de rires et de légèreté. Un aller simple pour le bonheur… (G.ad. Photos G.ad.)
Véronique Tadiello dit
Bonjour, très beau texte sur Isabelle. C’est tout à fait elle. jeune. lumineuse, adorable avec tout le monde en dédicace, mais surtout talentueuse.Je viens de l’entendre chanter au concert d’Aulnoye-Aimeries dans le Nord, sa voix est puissante. parfaite, ses chansons magnifiques, et quelle interprétation ! Isabelle se donne à fond.
Bref ! Vous l’avez compris, je l’adore…
PS: je viendrai en avril chez vous à Sorgues, voir Georges Chelon. un autre ami du grand Jean Ferrat…Y verrai je là Isabelle ? Je ne sais pas mais j’aimerais bien.
Classique dit
Bonjour, Véronique.
Merci pour votre message, et votre admiration partagée. En effet, la vedette du Festival Brassens 2023 sera Georges Chelon.
Quant à Isabelle Aubret, je crains que sa « tournée d’adieu » de 2020 ne soit pas une fausse sortie de coquetterie ; d’ailleurs elle a raison de partir en pleine lumière, il serait regrettable de faire « le concert de trop »…
Si elle venait au festival Brassens cette année, ce serait en simple spectatrice.
Cordialement
Flavien delaude dit
Je suis fan d’Isabelle aubret
Classique dit
Bonjour, Merci pour votre message. Isabelle est en effet une grande artiste, mais je crains que nous n’ayez plus d’occasions de la voir sur scène. Restent tous les enregistrements… Belle journée à vous, et merci pour votre visite sur Classiqueenprovence. Cordialement, Geneviève