Les mots du nouveau directeur du In,
les voix des directeurs historiques du Off
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C’est un beau symbole qui s’est joué au cœur de l’hiver avignonnais, et dans le cadre presque discret des « midi-sandwich » lancés il y a quelques années par Isabelle Dimondo la dynamique directrice de la principale bibliothèque municipale, installée dans le cadre historique de la Livrée Ceccano, contemporaine de la période papale. Mais ce serait mal connaître ces pauses méridiennes que de les sous-estimer.
En ce mardi 7 février donc, sont réunis des artistes de la scène, devant un public si nombreux qu’il déborde largement, debout, dans les couloirs. L’affiche avait tout pour séduire, avec un texte de Tiago Rodrigues, nouveau directeur du Festival In et premier européen à ce poste ; le texte a été confié en lecture aux voix alternées des directeurs des Scènes historiques d’Avignon, piliers du Festival Off : Alain Timar du théâtre des Halles (son anglais fluide a bluffé les spectateurs, conférant à Shakespeare sa saveur originelle), Sébastien Benedetto des Carmes, Julien Gelas du Chêne noir, Laetitia Mazzoleni du Transversal (qui a lu aussi en portugais), Gérard Vantaggioli du Chien qui fume, et Serge Barbuscia du Balcon.
By heart (Par cœur), entre autobiographie et fiction, évoque l’histoire de Candida, la grand-mère de l’auteur, qui a passé toute sa vie à lire ; avant de tomber dans la cécité, elle demande à son petit-fils de choisir le dernier livre qu’elle lira et apprendra par cœur. Apprendre un livre par cœur, c’est le plus bel hommage qu’on puisse lui rendre ; c’est aussi une nourriture inépuisable pour l’esprit ; et c’est un acte de résistance politique, aucun régime autoritaire ne pouvant arracher à un individu la richesse qu’il porte ainsi en lui. Le texte est puissant, presque construit en abyme autour du Sonnet 30 de Shakespeare, répété en refrain… au point que les spectateurs eux-mêmes ne tardent pas à la savoir presque… par cœur !
Ecrit en 2014, joué par l’auteur, ce texte signe une fraternité forte ; c’est en mettant leurs voix dans les mots de l’auteur et leurs gestes dans ceux de l’acteur, que les « théâtreux » avignonnais ont accueilli symboliquement celui qui va écrire avec eux les nouvelles pages du Festival.
A la fraternité artistique s’est ajouté un zeste d’émotion humaine. Dès son arrivée Tiago s’est déjà acquis un beau capital de sympathie et de bienveillance ; il a remercié aujourd’hui, avec beaucoup de simplicité, Avignon et ses directeurs de théâtres de l’excellent accueil qu’il reçoit depuis un an ; « et encore, plaisante-t-il, je n’ai pas encore fait un festival ! pour l’instant, je profite… ».
By Heart sera joué cet été au Festival d’Avignon ; en avant-goût, la bande-annonce, un entretien avec Tiago Rodrigues, de Jacques Moulins (NAJ21, 2015, 7 minutes) ou le texte vu par Tiago Rodrigues, dans toute une série de courts entretiens, dont les difficultés d’écriture (1’45), ou présentation du texte (3’21).
G.ad. Photo G.ad.
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