Louis-Auguste-Florimond Ronger dit Hervé est un compositeur, auteur dramatique, acteur, chanteur, metteur en scène et directeur de troupe français, né en 1825 à Houdain et mort en 1892 à Paris.
Il fut le rival – et néanmoins ami – de Jacques Offenbach. Il est le prolifique compositeur de plus d’une centaine d’œuvres lyriques. Orphelin de père à 10 ans, Florimond Ronger « monte » à la capitale où il devient choriste à l’Église Saint-Roch, élève du compositeur Daniel-François-Esprit Auber au conservatoire, avant d’être nommé organiste de Bicêtre puis de Saint-Eustache en 1845. Il arrondit ses fins de mois au théâtre comme pianiste et acteur, sous le pseudonyme d’Hervé, comme le fera, quelques années plus tard, le personnage de son opérette Mam’zelle Nitouche, Célestin-Floridor. Il compose en 1847 une pochade, Don Quichotte et Sancho Pança, considérée comme la première opérette. Chef d’orchestre de l’Odéon puis du Théâtre du Palais-Royal, il ouvre en 1854 un café-concert boulevard du Temple où il présente des opérettes à deux personnages de sa composition (Le Compositeur toqué, La Fine Fleur de l’Andalousie, Un drame en 1779…), mais aussi l’une des premières œuvres d’Offenbach : Oyayaye ou la Reine des Îles (1855). Il cède la salle en 1859 à la comédienne Virginie Déjazet qui la rebaptise de son nom. Il se produit en province comme chanteur avant de se réinstaller à Paris, où il prend la direction musicale des Délassements-Comiques. Les Chevaliers de la Table ronde, opéra bouffe qu’il donne aux Bouffes-Parisiens, est la première des grandes opérettes du «compositeur toqué» comme on le surnomme en référence à son œuvre de jeunesse. Suivront L’OEil crevé (1867), Chilpéric (1868) et Le Petit Faust (1869) qui rencontrent un succès considérable aux Folies-Dramatiques, dont il vient de prendre la direction.
En 1878, il tient le rôle de Jupiter dans une reprise d’Orphée aux Enfers sous la direction d’Offenbach lui-même puis débute le cycle qu’il compose pour Anna Judic, l’étoile du Théâtre des Variétés : La Femme à Papa (1879), La Roussotte (1881), Lili (1882) et enfin Mam’zelle Nitouche (1883). En 1886, Hervé quitte Paris pour Londres où il se produit régulièrement depuis 1870. De 1887 à 1889, il compose une série de ballets pour l’Empire Theatre. Il rentre en France en 1892 où il donne une ultime Bacchanale peu de temps avant sa mort.
Mam’zelle Nitouche (1883)
La postérité – même confidentielle – d’Hervé doit beaucoup à Mam’zelle Nitouche qui fut indiscutablement son plus grand succès. Pour beaucoup d’ailleurs, Hervé fut longtemps l’homme de deux œuvres : une pochade titrée Le Petit Faust (1859), et cette opérette plus tard immortalisée par Raimu puis Fernandel au cinéma (1931 et 1954), et enregistrée ensuite par l’ancien ORTF dans la série des trésors de l’opérette française. Il faut dire que le sujet de l’ouvrage – un organiste devenant homme de théâtre et compositeur léger à la nuit tombée – n’était rien moins qu’autobiographique. Et le nom de Floridor n’est pas un clin d’œil anodin au prénom d’Hervé, Florimond.
Mam’zelle Nitouche, même si elle n’est pas la dernière œuvre d’Hervé, peut être regardée comme son testament musical, ou tout au moins son point d’accomplissement. L’œuvre mélange habilement le ton comique d’après 1870 (celui de Lecocq, en particulier), l’esprit des revues de café-concert (à travers certains airs prévus pour être chantés isolément) et le rythme effréné du théâtre parlé hérité de Labiche. D’ailleurs, à la création en janvier 1883, l’ouvrage était intitulé « comédie-vaudeville », mention qui dit assez combien l’action y est tout, et la musique plus spécifiquement destinée à des « numéros » spirituels de solistes. Contrairement à la plupart des opérettes, plusieurs rôles sont ici complètement et uniquement parlés.
C’est Anna Judic qui fut chargée du rôle-titre, celui qui porte la responsabilité de presque tous les airs et duos. Dans la tradition des Belle Hélène et autres Grande-Duchesse, Hervé et ses librettistes (Henri Meilhac et Albert Lillaud) avaient misé sur l’abattage scénique d’une vedette chérie des parisiens et dont la notoriété suffirait seule au triomphe. Ils ne s’étaient pas trompés : Anna Judic joua l’œuvre plus d’une année sans discontinuité, s’assurant un revenu de près d’un million de francs avec cette seule incarnation. L’anecdote raconte qu’elle investit la somme dans la construction de l’hôtel Judic qui figure parmi les splendeurs architecturales de l’époque et qui est aujourd’hui classé monument historique.
Résumé
L’organiste Célestin, professeur de musique au Couvent des Hirondelles où il a pour élève la jeune Denise de Flavigny, devient chaque soir « Floridor », compositeur à succès de musique légère.
Attirée par les feux de la rampe, Denise suit son mentor et se fait bientôt rebaptiser « Mam’zelle Nitouche », chanteuse à succès. C’est sous ce déguisement qu’elle séduit son propre fiancé, le lieutenant des dragons Fernand de Champlâtreux.