Anniversaire de Poulenc : son Gloria en regard de celui de Vivaldi
Samedi 4 novembre 2023, 20h, collégiale Saint-Didier, Avignon ; dimanche 5 novembre 2023, 17h, église de Monteux ; vendredi 24 novembre 2023, 20h, église des Réformés de Marseille
Dans le cadre des 31es Automnales de l’orgue de Musique Sacrée/Orgue en Avignon (site officiel)
Gloria pour solistes, chœur et ensemble instrumental (orgue seul à Marseille) d’Antonio Vivaldi. Gloria pour soprano solo, chœur et orgue de Francis Poulenc
Lydia Mayo, soprano ; Pauline Feracci, soprano ; Petra Ahlander, soprano ; Maximin Marchand, alto. Choeur Région Sud. Fabienne Garceau, hautbois ; Emmanuel Collombert, trompette ; Anne-Cécile Brielles, Gabriella Kovacs, violons ; Fabrice Durand, violon-alto ; Florence Marie, violoncelle ; Frédéric Bethune, contrebasse ; Luc Antonini, orgue. Pierre Guiral, direction.
Ces concerts sont en co-réalisation avec l’Opéra Grand Avignon, en partenariat avec les Amis de Monteux et l’association Soif de culture.
250 ans de différence, à peine quelques années !
Pour ce 2e concert du 14e festival d’orgue de Monteux, en l’église Notre-Dame de Nazareth, les programmateurs ont eu une idée intéressante : faire interpréter 2 Gloria d’un coup. Notons que c’est en même temps le 9e concert des Automnales de l’Orgue de l’association Musique Sacrée/ Orgue en Avignon, qui avait déjà donné le Gloria de Vivaldi en ouverture à Malaucène le 24 septembre 2023, et avait déjà ouvert en beauté la saison 2016-2017 par le Gloria de Poulenc.
En 1ère partie, celui de Vivaldi RV 589 fait partie des « tubes de la musique religieuse baroque ». Avec bonheur, le chœur Région Sud et, à la baguette, Pierre Guiral, ont su relever le défi. Les choristes ont été précis lors des attaques et des finales. Pour la plupart, connaissant bien la partition, ils s’en détachaient et suivaient les gestes précis du chef. Ce dernier, riche de ses nombreuses expériences, met en confiance les différents interprètes. Ainsi, les variations d’intensité ont été bien traduites, ce qui a participé à l’émotion du public comme dans les rayonnants 1er et dernier mouvements ou le plus sombre « Et in terra Pax ». Si les parties de solistes ne sont pas très nombreuses, j’ai pu retrouver la soprano Petra Ahlander et découvrir, avec plaisir, la finesse du trémolo de Pauline Feracci et la chaleureuse rigueur du contre-ténor Maximin Marchand.
Pour les accompagner, un talentueux quintette de cordes (Anne-Cécile Brielles et Gabriella Kovacs, violons, Fabrice Durand, violon-alto, Florence Marie, violoncelle, Frédéric Béthune, contrebasse), et un orgue positif (Luc Antonini, qui avait donné la veille ce même programme sur l’orgue Mader récemment restauré de la collégiale Saint-Didier à Avignon) ont permis un bon équilibre avec le chœur. J’ai également apprécié la chaleur de la hautboïste Fabienne Garceau et la luminosité du trompettiste Emmanuel Collombert, issus aussi de l’ONAP.
En 2e partie, le choix du Gloria de Francis Poulenc était très judicieux, malgré la différence d’époque et de style musical. Dès les premières mesures, les auditeurs ont reconnu la couleur du compositeur (1899-1963), justement dans le cadre de la commémoration, ce week-end, du 60e anniversaire de sa mort. On se rappelle ici avec émotion que Poulenc a composé près d’Avignon une partie de ses Dialogues des Carmélites, chez Simone Girard, alors présidente de la Société avignonnaise de concerts, l’arrière-grand-tante de l’actuel Quatuor Girard, qui prépare en ce moment même son Festival Rosa Musica Hiver.
Le Gloria de Poulenc, composé en 1961, alterne entre la dévotion de ce moment d’une messe et l’espièglerie qui caractérise ce musicien. Comme dans le mouvement « Adoramus Te », où les voix ont un jeu de réponse « comme des joueurs de football qui se passeraient la balle » disait le compositeur lui-même. En soliste, la soprano Lydia Mayo s’était positionnée près des choristes. Elle faisait corps avec eux, tout en laissant ressortir sa voix puissante et chaude.
Cette fois, l’orgue de l’église Notre-Dame de Nazareth remplaçait à lui seul l’orchestre. Nous devions la transcription de l’œuvre et l’interprétation à Luc Antonini. Outre ses qualités d’interprète, il a su exploiter toutes les possibilités qu’offre l’instrument avec ses jeux de cordes, anches, cuivres… Il me précisera, à l’issue du concert, que la console numérique de l’orgue permet de programmer l’ouverture des jeux à la guise de l’organiste. Cela autorise de virevolter d’une mesure à l’autre plus aisément que lors des ouvertures manuelles : impressionnant !
Grâce à leurs singularités, ces deux œuvres et leurs interprètes ont ravi le public présent à Monteux.
Ce même programme, en version solistes, chœur et orgue à Marseille le 24 novembre 2023.
Prochain concert du festival à Monteux : vendredi 10 novembre à 20h, Musique française (Poulenc, Ropartz, Duruflé, Calmel) par L’ensemble vocal féminin Hymnis et Thomas Ospital à l’orgue.
N.A., texte et photo 2
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