Inédit aux Chorégies, le grand ballet romantique restera dans les mémoires
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Vendredi 18 juillet 2022, 21h30, durée 2h25. Chorégies 2022 (site officiel)
Giselle. Musique, Adolphe Adam. Livret, Théophile Gautier, Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges.
Chorégraphie et mise en scène, Kader Belarbi, directeur de la danse du Capitole de Toulouse. Décors, Thierry Bosquet. Costumes, Olivier Bériot. Créateur bijoutier, Marc Deloche. Lumières, Sylvain Chevallot. Assistante chorégraphe, Laure Muret
Ballet de l’Opéra national du Capitole, Toulouse
Giselle fut créé le 28 juin 1841, à l’Académie royale de Musique de Paris
Bande sonore : Orchestre national du Capitole de Toulouse, Kristi Gjezi (violon solo), Luciano Di Martino (chef d’orchestre)
Giselle, jeune paysanne, est éprise d’un jeune paysan, qui se révèle être un jeune seigneur, Albrecht. Giselle, meurtrie d’avoir été bernée, perd la raison puis la vie dans un accès de folie.
Elle réapparaît, dans une autre forme de vie, au sein des Wilis, des ombres blanches qui condamnent les humains à danser jusqu’à la mort. Giselle protège celui qu’elle aime, tente de l’arracher à ce terrible destin et lui pardonne.
Telle est la trame de cette histoire d’amour et de mort, propre à enflammer l’imagination d’un chorégraphe.
Jamais encore le grand ballet romantique de Giselle – que nous avions vu notamment en différé du R.O.H. en 2020 – n’avait été proposé aux Chorégies, même parmi les programmations chorégraphiques des dernières années, modernes ou classiques, toutes de très grande qualité.
Cette Giselle – qui n’avait pourtant pas rempli les quelque 8.000 places des gradins – demeurera dans les mémoires, dans une production enthousiasmante en première partie, impressionnante en seconde partie, signée du chorégraphe Kader Belarbi – qui n’en est pas à son coup d’essai sur ce qu’il considère comme son ballet-fétiche – assisté de Laure Muret.
Même les quelques jeunes spectateurs présents suivent avec grand intérêt l’histoire de cette jeune paysanne tombée amoureuse d’un jeune homme dont elle découvre fortuitement que c’est un noble incognito ; l’expressivité des gestes et des mimiques, le rythme allègre de la narration, l’allégresse des danses colorées, la fête de la vendange, le décor aux accessoires agricoles évocateurs – dans la continuité de l’Elisir d’amorce récemment programmé -, tout brosse une histoire entraînante. Déjà néanmoins, dès la première partie se profilent des oppositions inquiétantes sous des dehors bienveillants : les nobles en atours somptueux, lourds velours éclatants (par 30° en pleine nuit !), assistant aux danses villageoises et en acceptant les hommages, sèment une inquiétude sourde. Giselle semble déjà écartelée entre ces deux mondes, gracile et élégante, comme égarée sur pointes, avec déjà quelques arabesques furtives au milieu des danses villageoises joyeuses et colorées soulignées par les costumes d’Olivier Bériot.
La seconde partie, plus académique, réserve aussi de splendides moments, spontanément applaudis par un public impressionné, avec sauts, entrechats et autres jetés battus. Lumières et couleurs dans l’acte I, pénombre et voiles blancs en II, dessinent immédiatement, par le talent de Sylvain Chevallot, une opposition radicale. L’arrivée de Giselle dans le monde des ombres, glissant sur pointes sur toute la largeur de la scène, vaporeuse, sur duo de harpe et violon (Kristi Gjezi premier violon) de l’Orchestre du Capitole de Toulouse dirigé par Luciano Di Martino – musique d’Adolphe Adam enregistrée, au volume quelque peu agressif au début, plus équilibrée ensuite – est un instant d’exception. D’autres suivront, en solo, duo, ou tutti talentueux du Ballet de l’Opéra National du Capitole de Toulouse (24 Willis en tutu long composant des tableaux d’une fulgurante harmonie). Si Natalia de Froberville (Giselle) est d’une grâce égale tout au long de la soirée, gracile et aérienne, Ramiro Gomez Samon (Albrecht), lui, ne se révèle pleinement qu’en seconde partie.
Le public s’est étonné néanmoins que les danseurs masculins de la première partie – la seconde est exclusivement féminine pour les ensembles – ne soient pas venus in fine saluer et recueillir leur part méritée d’applaudissements.
G.ad. Photos David Herrero & G.ad.
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