Forever, Boris Charmatz ressuscite le Café Müller de Pina Bausch
Samedi 20 et dimanche 21 juillet 2024, de 13 à 20 heures. Durée conseillée : 2 h. Réservation au 04 90 14 14 14. La FabricA, 11, rue Paul Achard, Avignon
France – Allemagne / Création 2024
Avec l’Ensemble du Tanztheater Wuppertal, les invitées et invités* : Dean Biosca, Naomi Brito, Emily Castelli, Boris Charmatz, Maria Giovanna Delle Donne, Taylor Drury, Çağdaş Ermiş, Julien Ferranti*, Letizia Galloni, Scott Jennings*, Lucieny Kaabral, Simon Le Borgne, Reginald Lefebvre, Alexander López Guerra, Nicholas Losada, Blanca Noguerol Ramírez, Milan Nowoitnick Kampfer, Nazareth Panadero*, Héléna Pikon*, Jean Laurent Sasportes*, Azusa Seyama-Prioville, Michael Strecker, Christopher Tandy, Tsai-Wei Tien, Frank Willens, Tsai-Chin Yu. Conception, Boris Charmatz. Collaboration artistique, Magali Caillet Gajan. Lumière Yves Godin. Vestiaire de travail, Florence Samain. Direction des répétitions de Café Müller, Barbara Kaufmann, Héléna Pikon
Mise en scène et chorégraphie, Pina Bausch. Scénographie et costumes, Rolf Borzik. Musique, Henry Purcell
Droits de représentation, Verlag der Autoren, Francfort-sur-le-Main, représentant la Pina Bausch Foundation. Direction technique, Jörg Ramershoven. Régie plateau, Dietrich Röder, Martin Winterscheidt. Régie lumière, Robin Diehl, Yves Godin. Régie son, Andreas Eisenschneider, Karsten Fischer. Régie de scène Andreas Deutz. Coordination costumes, Anke Wadsworth,Katherina Fröhlich, Renatus Matuschowitz. Physiothérapeute, Bernd Marszan
Tanztheater Wuppertal Pina Bausch. Direction d’administration, Daniel Siekhaus. Direction de la gestion artistique, Robert Sturm. Planning et direction des tournées, Leonie Werner. Collaboration à la production, Julia Honer. Presse, relations publiques, marketing, Ursula Popp. Cours de danse, Jennifer Blasek
Terrain. Direction déléguée, Hélène Joly. Production, Lucas Chardon, Briac Geffrault, Martina Hochmuth
Production Tanztheater Wuppertal Pina Bausch + Terrain
Avec le soutien de la Ville de Wuppertal, Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Ministère de la Culture Drac Hauts-de-France, Région Hauts-de-France, et pour la 78e édition du Festival d’Avignon : Dance Reflections by Van Cleef & Arpels
Association d’idées est extrait de Pina Bausch, Histoires de théâtre dansé, de Raimund Hoghe et Ulli Weiss, traduction de Dominique Petit, publié aux éditions L’Arche Éditeur en 1987. Rappel à l’ordre de l’amour de Hervé Guibert (1982) est publié dans Articles Intrépides, aux éditions Gallimard en 2008.
Un autre rapport au temps et à l’espace pour plonger dans l’une des plus célèbres œuvres de la chorégraphe Pina Bausch : un spectacle comme un laboratoire qui développe des lectures plurielles de Café Müller.
C’est en assistant aux répétitions de Café Müller que Boris Charmatz a eu l’idée de Forever. Le nouveau directeur artistique du Tanztheater Wuppertal a voulu transmettre l’émotion toujours recommencée de la pièce mythique de Pina Bausch, qui semble avoir débuté avant l’arrivée du public et se poursuivre après son départ. Il a imaginé cette installation chorégraphique que visiteraient spectatrices et spectateurs. Sept heures durant, vingt-cinq interprètes se relaient pour performer Café Müller, alternant avec des interludes – paroles d’autrices, auteurs ou interprètes marqués par l’œuvre de Pina Bausch… Le dispositif permet au public de multiplier les points de vue, générant de nouveaux regards et de nouvelles sensations comme autant de spectacles possibles. Forever est sans fin : la danse continue pour toujours et à jamais.
Entretien avec Boris Charmatz, , par le Festival d’Avignon
Vertige en entrant dans l’immense salle de la FabricA, où la scène et les gradins se sont effacés pour laisser place à un plateau vide, carré, autour duquel on est invité à s’asseoir. Bienvenue à Forever, la troisième pièce présentée par le chorégraphe Boris Charmatz, l’artiste complice de cette 78e édition du Festival d’Avignon. La troisième mettant les danseurs au centre et le public autour. Cercles et Liberté Cathédrale, au Stade Bagatelle, évoquaient respectivement le futur et le présent de son histoire avec la compagnie du Tanztheater Wuppertal qu’il dirige depuis 2022. Forever plonge dans le passé.
Comme Pina Bausch (1940-2009), épiant, petite, le monde des adultes, cachée sous les tables du restaurant de ses parents, Boris Charmatz a observé les répétitions du Tanztheater Wuppertal pour cette reprise qui devait se faire sans lui… Digne héritier de l’artiste, il rend là un vibrant hommage à Café Müller, la pièce sacrée, qu’elle créa en 1978, maintes fois reprises ensuite, dont en 1995 dans la Cour d’Honneur. Elle l’interpréta longtemps avant de confier son rôle à Héléna Pikon, présente pour cette recréation.
Pièce sans début ni fin qui pourrait se répéter à l’infini, Café Müller offre un moment suspendu d’amour impossible, de déchirement, d’errance et de solitude. En 7 heures, Boris Charmatz a choisi d’en présenter quatre versions avec des distributions différentes, reliées par des interludes parlés, chantés ou dansés, interprétés par ses 26 incroyables danseurs. Voyage dans le temps quand, sur le plateau nu, viennent se poser les chaises et les tables attendues. Ne manquent que les portes tambours. Sinon, tout y est : arias de The Fairy Queen et de Didon et Enée de Purcell, martèlement des talons d’une femme en manteau noir, perruque rousse, danseurs endimanchés (une version reprend les mêmes costumes), deux femmes, en nuisette couleur chair, l’une courant, heurtant les chaises qu’un homme tente d’écarter devant elle et l’autre, yeux fermés, bras ouverts devant elle, répercutant ses chocs de façon assourdie. Scène mythique du danseur qui place une femme dans les bras d’un autre homme qui la laisse tomber à la seconde et répète cet enchaînement de plus en plus vite. Moulinets des bras, corps en torsion qui se jettent, mains qui frappent… Instant de grâce !
Marie-Félicia. Photos Christophe Raynaud de Lage
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