Un livret de 3 feuillets A3 recto-verso trace les « grandes lignes » de cette 79e édition, évidemment foisonnante. Voir aussi le site officiel du Festival.
ENTRETIEN
Après l’éditorial du directeur, « Ensemble », qui ouvre aussi le livret-programme, un long entretien de Tiago Rodrigues avec Simon Hatab dessine ainsi les lignes de force de sa 3e édition de directeur. Elle est à la fois « page blanche » et « partition déjà écrite » qu’il faut chaque année réinterpréter, et qui doit tenir compte de la « mémoire des spectateurs », réelle pour les habitués, fantasmée pour les nouveaux. Un Festival est porteur de multiples attentes, d’« espoir et de promesses » ; car « la démocratisation et la décentralisation font partie de son ADN et ont un besoin urgent d’être réinterprétées et réactualisées. La création est également l’une de ses valeurs fondamentales. En tant que festival de création, Avignon propose au public du jamais vu. La surprise y est tradition. En cela, c’est un festival plein d’espoir et de promesses. » Et, comme chaque année, création et transmission sont intimement mêlées, sous des formes diverses.
La « double temporalité » – inscription nécessaire dans la mémoire et urgence du dialogue avec le présent – installe tout autant une « intensité fiévreuse » qu’une « parenthèse enchantée ».
La langue invitée cette année, l’arabe, après l’anglais et l’espagnol pour les éditions précédentes, est la « 3e langue parlée dans le monde », la première extra-européenne d’origine, à la fois très ancrée dans une géographie et une histoire, mais plus encore dans des pluralités de lieux, d’histoires et de peuples divers. Le spectacle d’ouverture dans la Cour d’honneur, Nôt de Marlene Monteiro Freitas, écho des Mille et une nuits, en est une image emblématique.
Chaque artiste invité oriente à sa façon la réflexion sur la création, donnant ainsi à « son » édition une couleur particulière ; après Boris Charmatz en 2024 très soucieux de transmission, en 2025 la chorégraphe cap-verdienne Marlene Monteiro Freitas plonge dans la diversité, permettant de « rassembler autour d’elle une constellation de créatrices et de créateurs ».
Mais dans un monde terrible, y a-t-il encore place pour la fête, étymologie du festival ? Tiago Rodrigues explique longuement qu’il « ne perçoit aucun paradoxe dans une fête combative » ; il en est ainsi depuis 25 siècles, depuis que « les Athéniens qui assistaient à Antigone pouvaient apprécier la beauté et la puissance de cette tragédie dans laquelle l’héroïne marche vers sa mort en disant adieu au soleil, ils n’en étaient pas moins troublés par l’injustice. Le Festival s’est toujours situé au croisement de la fête, de la rencontre du public avec les arts vivants et de l’engagement citoyen. Ces différentes facettes se nourrissent et se renforcent mutuellement.» Et ce qu’il faut retenir, est que « la profusion des propositions offertes par la programmation est une promesse mue par l’idée de vivre ensemble des moments inédits et partagés. Le Festival s’est toujours situé au croisement la curiosité et de l’appétit du public pour la création et de l’engagement citoyen, créant les conditions d’une fête des arts vivants. »
CHIFFRES CLES
Se déclinent ensuite les « chiffres-clés », dont l’énumération, pour aride et artificielle qu’elle paraisse, donne néanmoins la pleine mesure de cette énorme machine, dont on peut s’étonner qu’elle soit si bien huilée.
En 22 jours, vont se dérouler 52 spectacles et 2 expositions pour près de 300 représentations.
73% de la programmation (soit 32 spectacles) seront des créations, dont 20 au Festival 2025. Le Festival est partie prenante dans 24 projets, soit 55%, qu’il produit ou co-produit. A côté des spectacles, vitrine évidente, 80 débats et rencontres seront menés dans le cadre du Café des idées, cœur bouillonnant du Festival. Ce sont donc plus de 300 événements qu’on pourra partager, entre spectacles, rencontres, lectures, débats, projections… pour lesquels plus de 121.000 places sont mises en vente, hors les entrées libres.
Sur le terrain, ce sont 40 lieux qui sont investis, à Avignon intra- et extra-muros, et sur le territoire. Comme chaque année, un spectacle est itinérant, à Avignon (3 lieux) et dans 16 communes du Vaucluse ainsi que des départements contigus, Gard et Bouches-du-Rhône.
12 acteurs culturels locaux sont associés à cette édition. 9 lieux sont investis en collaboration. Et pour se déplacer, un effort est fait par la Région (TER) et SNCF (TGV).
De grands noms, des découvertes et des retrouvailles
48 artistes seront présents, en parfaite parité (22 femmes, 22 hommes, chacun à 47%), et 4 collectifs.
21 pays seront représentés, avec 22 artistes français (46%) et 26 artistes internationaux (54%) : d’Europe et d’Extra-Europe (Liban, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie, Afghanistan, Cap-Vert, Rwanda…).
58% des artistes sont invités pour la première fois au Festival.
La langue invitée représente 30% de la programmation.
DES PROJETS ARTISTIQUES COLLABORATIFS
Avec l’Institut du monde arabe, le Centre national des arts plastiques, la Mairie d’Avignon, Avignon bibliothèques, la Maison jean Vilar.
Les disciplines représentées sont multiples
UNE GRANDE FETE CIVIQUE ET ARTISTIQUE
Il faudra compter avec
- le Café des idées (5-24 juillet, 10h-19h, cloître Saint-Louis, entrée libre),
- des conversations avec des personnalités diverses,
- 10 émissions de radio menées par des jeunes, Making Waves Avignon (10-14, puis 16-20 juillet, 18h-19h),
- Des Matinales, au Café des idées.
Tout le programme sur : festival-avignon.com
Des programmes artistiques en coopération :
- Des collaborations avec la Maison Jean Vilar, la Collection Lambert, les 6 Scènes d’Avignon, la Chartreuse-CNES de Villeneuve-lez- Avignon.
- Des cycles de lecture : Fictions France-Culture (7-13 juillet), ça va, ça va le monde-RFI (15-20 juillet), Le Souffle d’Avignon (9-19 juillet).
- Des projections : les Territoires cinématographiques (5-16 juillet, aux cinémas Utopia), Retour sur images avec Arte (12-14 juillet).
- Des rencontres professionnelles.
Les actions artistiques avec les publics
Elles se mènent tout au long de l’année.
Un Festival (éco)responsable et inclusif
… et accessible, de plus en plus. Contact : accessibilite@festival-avignon.com
Productions déléguées
Le Festival rayonne et exporte ses productions.
En 2025, 150 représentations se donnent en 60 lieux de 14 pays.
Par exemple, pour les spectacles de Tiago Rodrigues :
- La Distance, création 2025, va bientôt partir en tournée,
- Catarina et la beauté de tuer des fascistes, création 2020, est actuellement en tournée,
- By Heart, création 2013, est actuellement en tournée.
Place maintenant à l’édition 2025, la 79e de cette longue et belle tradition !
G.ad.
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