Enivrant tourbillon
77e Festival d’Avignon. La FabricA. 6-VII-2023. Anne Teresa De Keersmaeker / Rosas : Exit Above. Création et danse, Abigail Aleksander, Jean-Pierre Buré, Lav Crnčević, José Paulo Dos Santos, Rafa Galdino, Nina Godderis, Solal Mariotte, Mariana Miranda, Ariadna Navarrete Valverde, Cintia Sebők, Jacob Storer et Carlos Garbin. Chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker. Musique : Meskerem Mees, Jean-Marie Aerts, Carlos Garbin. Scénographie : Michel François. Lumière : Max Adams. Costumes : Aouatif Boulaich. Textes : Meskerem Mees, Wannes Gyselinck. Texte d’ouverture : Über den Begriff der Geschichte, Thèse IX, de Walter Benjamin. Dramaturgie : Wannes Gyselinck.
Standing ovation d’un public en liesse dans la vaste salle de la FabricA, qui accueille jusqu’au jeudi 13 juillet, Exit above, after the tempest, la nouvelle création de l’illustre chorégraphe belge, Anne Teresa De Keersmaeker. Une création évidemment très attendue. Avec le producteur Jean-Marie Aerts, ainsi que la compositrice, chanteuse et danseuse Meskerem Mees et le danseur-guitariste Carlos Garbin, tous deux sur le plateau aux côtés des onze danseurs, la créatrice de la compagnie Rosas et de l’école de danse P.A.R.T.S. entraîne le public dans un voyage en lévitation, hors du monde et hors du temps.
Cette épopée commence avec la jeune autrice-compositrice-interprète flamande d’origine éthiopienne, Meskerem Mees qui lance le spectacle. De sa voix cristalline, elle interprète la chanson Walkin’ Song, inspirée du classique Walking Blues, du bluesman afro-américain Robert Johnson. A la guitare, Carlos Garbin accompagne sa marche. Pas à pas. Note à note. Et l’on plonge en apnée, sous une immense vague submersive, avec l’un des danseurs au corps léger, élastique et tourbillonnant, rejoint par les autres interprètes. Et un souffle de vie anime leurs corps. Le visage. Les épaules. Le torse. Pied gauche. Pied droit. « My walking is my dancing. » Depuis longtemps, la chorégraphe a fait sienne cette maxime, qui transforme la marche en danse possible. Elle le prouve une fois encore, quand la marche se fait course et, que, emportés par leur élan, les danseurs volent au-dessus des cercles colorés tracés sur le plateau. Mus par une énergie commune, ils gravitent au-dessus de la scène et transportent le public dans un tourbillon libérateur, envoûtant et hypnotique.
Inspirée par La Tempête de William Shakespeare, Anne Teresa De Keersmaeker convoque tous les éléments et plonge ses danseurs, tantôt Ariel, esprit de l’air, tantôt Caliban, monstrueux et vil, au cœur d’un vortex infernal qui les emporte jusqu’à en être malades. Dans la salle, les spectateurs vibrent et traversent avec eux la palette des émotions, laissant parfois éclater leurs rires. Et quand vient le moment de partir. Ils hésitent. Tous aimeraient bien que le tourbillon dure encore…
M.-F.A. Photo Christophe Renaud de Lage
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