Violoniste… et désormais compositeur reconnu
Violoniste virtuose, et depuis la sortie d’Asteria compositeur mondialement reconnu, Yardani Torres Maiani est une petite notoriété à Avignon où il réside. Né dans une famille de culture gitane et passé un temps par le Conservatoire d’Avignon, nous le rencontrons à l’occasion de son concert Asteria, tiré de l’album éponyme, qu’il donne au théâtre du Chien qui fume le vendredi 24 septembre. Disponible chez Harmonia mundi, « Asteria, le ciel étoilé » est d’ores et déjà un tournant dans sa carrière.
Notons que nous retrouverons Yardani Torres Maiani interprète, cette saison à l’Auditorium départemental du Thor (84) le 10 octobre 2021, ainsi qu’au théâtre du Balcon à Avignon, avec le bandonéon d’Yvonne Hahn dans un hommage à Piazzola le 4 décembre 2021.
-« Asteria, le ciel étoilé », pouvez-vous nous expliquer le titre de cet album ?
–Le ciel avec l’ensemble des étoiles, c’est l’unité dans la multiplicité. Plus poétiquement, cela représente mon chemin personnel, celui d’un musicien avec plein d’influences. Et c’est aussi le flamenco, une musique influencée par plein d’autres styles venus d’Afrique, d’Amérique Latine, de la culture gitane aussi…
–Asteria a-t-il été un tournant dans votre carrière ?
–Un an et demi s’est écoulé depuis la sortie de l’album, mais oui, je peux dire que ça a été un tournant. J’ai diffusé largement, grâce à Harmonia mundi, l’album a été entendu jusqu’au Japon et aux États-Unis ! J’ai pu sortir les partitions de ce disque pendant le confinement chez Kunzelmann, un des plus grands éditeurs de partitions. Être édité en tant que compositeur, c’est une grande première pour moi ! Aujourd’hui, on peut se procurer mondialement les partitions d’Asteria. On m’a déjà commandé au Canada…
-C’était un défi, d’écrire cette musique ?
–Le défi de départ, c’était d’écrire du flamenco pour des musiciens issus de l’univers classique. C’était une commande de la Région. Je ne sais pas si j’aurais eu le courage de le faire sans ça. On compose pour soi, en flamenco. J’ai dû insérer ma culture, ma tradition, dans un langage classique, avec toute l’écriture académique du classique. L’édition des partitions d’Asteria prouve que ce travail a marché.
-Mais dans Asteria, il n’y a que des cordes, et aucun instrument qui sonne flamenco. Qu’est-ce que c’est, alors, le flamenco ?
–J’ai voulu éliminer tout ce qui donne un écho flamenco par le timbre, comme la guitare. J’ai fait un travail de déconstruction. Le timbre, c’est trop facile ! Le flamenco est une musique très riche, savante, même si elle est de tradition orale. L’aspect technique, modal, improvisatif… C’est un éventail qui fait le flamenco. Pas le timbre ! J’ai entamé un début de recherches sur le flamenco, pour aller à l’essence de ce qu’est cette musique. Quant aux cordes… Oui, Asteria est presque un orchestre de chambre, à part le clavecin. J’aime les cordes. C’est le son que j’ai dans la tête. Il y a beaucoup de timbres différents dans les cordes, avec une grande palette expressive, mais aussi l’effet percussif, et des intonations micro tonales que l’on retrouve dans le flamenco, qui vient de la tradition mauresque.
-Comment s’est passé le travail avec les musiciens sur Asteria ?
–Les musiciens ont parfois été surpris de ce langage qu’ils ne connaissaient pas. Ce travail a exigé d’eux beaucoup d’implication. Et ce qui est positif, c’est qu’après ce travail, ils ont acquis des éléments de langage qui ont facilité un nouveau projet.
-Voulez-vous dire que vous leur avez appris le flamenco ?
–Je peux dire que je les ai initiés au flamenco. C’est un but déjà très ambitieux. Mais il faut une vie pour apprendre le flamenco. J’ai fait un peu comme Astor Piazzolla, qui a fait que n’importe quels musiciens classiques puissent jouer du tango en écrivant ses partitions. Mais quant à être tanguero, il faut une vie.
-Et ce nouveau projet ?
–Il s’agit d’un duo de violon avec Marc Crofts, qui est un deuxième volet d’Asteria. Il s’intitule Falsetas, du nom de ces interludes instrumentaux entre deux strophes de chants dans le flamenco. Cet album est à la fois encore plus axé sur la technique de violon, et plus ancré dans la tradition flamenco. Il sera présenté à la Courroie à Entraigues-sur-la-Sorgue le 12 décembre.
Propos recueillis par Sonia Garcia-Tahar. Photo Jean-Baptiste Millot
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