« Il faut toujours étonner… »
Pour les fêtes de fin d’année 2019, l’opéra Grand Avignon propose une Flûte enchantée originale, très applaudie à l’Opéra Royal de Wallonie en 2010 et 2016.
Hervé Niquet sera au pupitre. Claveciniste, organiste, pianiste, chanteur, compositeur, chef de chœur, chef d’orchestre, ancien chef de chant à l’Opéra de Paris auprès de Rudolf Noureev et Serge Lifar, Hervé Niquet privilégie le dialogue personnel avec les œuvres, se gardant de tout académisme. En 1987, il fonde Le Concert Spirituel, un ensemble baroque de référence, dont le 1er violon, Alice Piérot, a transformé une ancienne friche industrielle, en lieu artistique atypique mais réputé : la Courroie, à Entraigues-sur-la-Sorgue.
Rencontre avec un artiste qui sait mener avec légèreté une carrière très sérieuse.
-Hervé Niquet, que ferez-vous le 27 décembre à 20h30 ? N’auriez-vous pas un rendez-vous important ?
-(Sourire) S’il est quelqu’un à qui il ne faut pas poser cette question, c’est bien moi ! Je n’ai pas mon planning dans la tête.
-Ce sera la première représentation de La Flûte enchantée que vous dirigerez à Avignon. En français, dit-on ?
-C’est en effet une très jolie idée. Je l’ai proposée à Pierre Guiral, au metteur en scène – parce qu’il faut travailler en pleine concertation -, et tout le monde s’est accordé sur cette idée. J’ai souvenir de maisons allemandes où j’ai entendu des opéras en allemand, à Londres des Werther ou des Carmen en anglais. Il n’y a qu’en France qu’on ne le fasse pas. C’est pourquoi j’ai décidé de faire en français une Flûte qui s’adresse à tout le monde, et pas seulement aux mélomanes.
-Comment abordez-vous cette œuvre, que vous connaissez bien ?
-Quand je redirige une œuvre que je connais, je prends une partition nouvelle, vierge. Ici je suis entouré de très bons chanteurs, qui se prêtent au jeu du français. Ils sont tous pleins d’énergie et d’enthousiasme. Il faut toujours être étonné, et étonner le spectateur. Cette Flûte étonnera, c’est un spectacle… athlétique.
-Vous vous présentez comme « fainéant, curieux, maniaque, gourmand…. » : des qualités utiles pour diriger un opéra ?
-Oh, vous savez, mon rôle à moi est très confortable. Je dois pousser les autres à faire des bêtises, mais moi je reste en retrait. En tout cas, être curieux, c’est une qualité indispensable, et maniaque aussi, pour chercher toujours et pousser toujours au meilleur ; gourmand ? bien sûr ! si l’on n’est pas gourmand il ne faut pas faire ce métier ! Et fainéant sans aucun doute, pour apprendre le maximum de choses avec le minimum d’efforts.
-Le ténor que vous êtes chante-t-il toujours ? Comment vous partagez-vous entre vos diverses activités ?
-Quand on est amené à vaquer de par le monde, on doit faire des choix. Il y a des gens qui savent tout faire, et bien. Moi non. Mais je chante parfois dans des chœurs, quand je vais au Canada ; dans les églises protestantes, le chant est plus en honneur que dans les églises catholiques.
-Où avez-vous posé vos pénates, après Nantes il y a quelque 10 ans ?
-Je me partage maintenant entre Bruxelles, qui est le centre de l’Europe, et Marrakech, pour le soleil.
-On peut considérer qu’Avignon est à mi-chemin ?
-(sourire) Tout à fait. La tête dans les brumes du Nord, et les pieds au soleil.
Propos recueillis par G.ad. Photo Julien Mignot
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