Humoriste, écrivain, chroniqueur de radio, homme de scène, François Morel a toujours plusieurs spectacles sur le feu, et presque autant dans ses valises. Il était au théâtre du Balcon à Avignon le vendredi 7 septembre 2022, avec son fils Valentin, pour leur ouvrage commun Le Dictionnaire amoureux de l’inutile. Il viendra ensuite avec son spectacle J’ai des doutes, le 10 novembre 2022 à l’auditorium départemental de Vaucluse Jean Moulin au Thor ; ce spectacle a reçu en 2019 le Molière du meilleur comédien dans un spectacle du théâtre public. Un spectacle toujours très demandé : si François Morel le joue au Thor le 10 novembre 2022, il l’aura donné à Vals-les-Bains le 7 novembre, à Alès les 8 et 9 novembre, et le reprendra à Fontenay-aux-Roses le 15 novembre.
Nous avons interrogé François Morel sur ces deux spectacles. Echange avec un homme courtois qui répond sans doute aux mêmes questions depuis des années, mais vous partage de pleins bouquets d’ondes de sérénité (mais qui sait ? peut-être a-t-il plus d’une pirouette dans son sac !)
-François Morel, on vous attend au Thor pour un spectacle sur Raymond Devos, celui que vous appelez « un phénomène rare ». Quelle a été la genèse du spectacle ?
–C’est une sollicitation. Jamais je n’aurais osé de moi-même. Tout est venu de la productrice Jeanine Roze, qui organise les dimanches matin du Théâtre des Champs-Élysées, un des plus beaux théâtres de Paris. Avant elle organisait des concerts, des cabarets, était la secrétaire de Barbara. Pour le 10e anniversaire du décès de Raymond Devos (1922-2006, NDLR), elle a voulu organiser quelque chose, juste une lecture-spectacle, et me l’a proposé ; j’ai branché mon copain Antoine Sahler, Devos avait toujours un musicien avec lui ; on a donc fait une lecture-spectacle un dimanche matin à 11h dans ce théâtre magnifique ; on devait en rester là. Et puis on a découvert des vertus comiques incroyables, une force du rire que l’on n’imaginait pas ! C’est très bien écrit, très poétique, mais ça fait éclater d’écrire ! Ce n’était certes pas une surprise, que Devos fasse rire. Mais que moi, avec ses textes, je le fasse aussi, c’était inattendu ! On a donc dit : on ne peut pas s’arrêter là ! On avait tout le squelette du spectacle. Devos, ce n’est pas que des textes, des jeux de mots ; Devos c’est un homme de music-hall, très visuel.
-Aviez-vous rencontré Raymond Devos, travaillé avec lui ?
–Pas du tout. Le spectacle s’ouvre sur un texte que j’avais écrit pour une émission de Stéphane Bern sur France Inter, le Fou du roi. J’avais imaginé la rencontre entre Dieu et le dieu du rire qu’était Devos. Devos m’avait alors invité pour dire ce texte dans une émission de France 2 qui lui rendait hommage ; c’est dire combien il l’avait apprécié. Mais c’est tout.
-Avignon et le Vaucluse, qu’évoquent-ils pour vous ?
–J’ai justement commencé par un spectacle au Thor, alors que j’étais encore étudiant à l’école de la rue Blanche (l’ENSATT, École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre, l’une des 11 écoles nationales en France, NDLR) ; c’étaient les anciens qui l’avaient préparé, à l’époque où Pierre Roudy était le directeur (Pierre Roudy, auteur dramatique, époux d’Yvette Roudy, est responsable de l’école, de 1970 à 1991, NDLR) ; un spectacle de Jacques Mauclair (1919-2001, créateur du théâtre du Marais en 1976, plus tard repris par le cours Florent, NDLR), Arlequin superstar (1979, NDLR), commedia dell’arte. Puis je suis venu au Festival comme spectateur ; j’y ai vu Bouquet et Rufus, dans Godot à la Cour d’honneur (16 juillet 1978, NDLR). Ensuite c’est moi qui ai joué dans la Cour d’honneur, en 1994 avec Jérôme Deschamps, les Pieds dans l’eau (en fait, en 1995, et diffusion sur Arte le 18 juillet 1995, NDLR). Et puis dans le Off, bien des choses. Pour moi, le festival d’Avignon c’est toute une ambiance, une effervescence, les spectacles qu’on va voir, les repas avec les copains, le rosé en terrasse…
-Vous avez de nombreuses casquettes, de nombreuses activités. A laquelle renonceriez-vous le plus difficilement ?
–A laquelle le ne pourrais pas renoncer ? A la scène, je crois. Je suis un homme de spectacle. J’aime partager, faire partager des émotions, faire rire aussi.
-Si vous n’aviez pas été ce que vous êtes, auriez-vous rêvé d’autre chose ?
–Peut-être ? En fait non, je n’ai pas rêvé autre chose. Quand j’étais jeune, j’hésitais entre journaliste et comédien…
-Vous êtes devenu l’un et l’autre…
–Oui, journaliste par l’écriture. En fait, j’avais énormément d’incompétences : pas sportif, pas bricoleur. Mais je n’étais pas mauvais en récitation, en dictée, en rédaction ; toute ma vie je n’ai fait que des récitations, des dictées, des rédactions.
-Que pouvez-vous ajouter ?
–J’ai un bonheur inouï à jouer Devos, et de tous mes spectacles c’est le plus demandé. On éprouve une sorte de nostalgie de cet humour hors du temps, qui nous donne de la légèreté. Les temps sont lourds, Devos nous entraîne vers l’imaginaire, et nous avons tous envie de le suivre.
Propos recueillis par G.ad.
Lors du même entretien, François Morel nous a parlé de son Dictionnaire amoureux de l’inutile, et de la lecture théâtralisée qu’il allait en donner avec son co-auteur son fils Valentin, au théâtre du Balcon à Avignon, le 7 novembre 2022.
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