77e Festival d’Avignon (site officiel). Cloître des Célestins, 20 h 15, durée : 1 h 40. Jusqu’au 25 juillet. Réservations au 04.90.14.14.14 ou sur le site.
Belgique / Création au Festival d’Avignon 2010
Avec Boštjan Antončič, Sophia Dinkel, Carlos Garbin, Marie Goudot, Cynthia Loemij, Mark Lorimer, Sandy Williams, Sue-Yeon Youn et Michael Schmid (flûte)
L’ensemble Cour et Cœur : Thomas Baeté (vièle), Bart Coen (flûtes à bec), Lieselot De Wilde ou Annelies Van Gramberen (chant, en alternance)
Chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker. Direction musicale : Bart Coen. Scénographie : Michel François. Costumes : Anne-Catherine Kunz
Créé en 2010 avec Boštjan Antončič, Carlos Garbin, Cynthia Loemij, Mark Lorimer, Mikael Marklund, Chrysa Parkinson, Sandy Williams, Sue-Yeon Youn. Direction des répétitions : Fumiyo Ikeda. Assistanat pour la reprise : Femke Gyselinck, Fumiyo Ikeda, Cynthia Loemij, Chrysa Parkinson, Michaël Pomero. Conseiller musicologique : Felicia Bockstael. Direction technique : Freek Boey assisté par Jonathan Maes. Technique : Jan Balfoort. Coordination artistique et planning : Anne Van Aerschot. Coordination des costumes : Emma Zune. Assistanat aux costumes : Els Van Buggenhou. Habillage : Emma Zune. Administration de tournée : Jolijn Talpe
Production. Rosas
Coproduction 2010 De Munt La Monnaie (Bruxelles), Festival Grec (Barcelone), Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Théâtre de la Ville (Paris), Festival d’Avignon, Concertgebouw Brugge (Bruges)
Musiques. Istvan Matuz,…L(ELEK)ZEM. Filippo de Caserta, En Atendant, souffrir m’estuet (ballade). Bart Coen, Estampie En Attendant 2 (2010). Johannes Ciconia, Sus un’Fontayne (virelai). Anonyme, Je prends d’amour noriture (virelai). Anonyme, Esperance, ki en mon cœur
Rosas bénéficie du soutien de la Communauté flamande, de la Commission communautaire flamande (VGC), et de la Fondation BNP Paribas.
« En atendant », célébration de la vie dans un magnifique écrin
« On s’était dit rendez-vous dans dix ans… » Même lieu, même heure, même distribution (à deux changements près) et toujours à la baguette, la chorégraphe de génie, Anne Teresa de Keersmaeker. Oui mais, voilà, depuis la création de la pièce En attendant, en 2010, treize ans ont passé et il y a eu l’épidémie de Covid… Les polyphonies de l’Ars Subtilior, apparues lors de la peste noire du XIVe siècle, prennent donc une tout autre coloration avec les deux musiciens (vièle et flûte à bec) et la chanteuse de l’ensemble Cour et Cœur, installé au pied d’un platane. Au crépuscule, les martinets leur donnent la réplique en dansant dans le ciel et les cigales entonnent leur ultime refrain avant la tombée de la nuit. Alors que le jour décroît peu à peu dans ce théâtre à ciel ouvert, le spectateur entre dans un espace hors du temps, un peu surréel, très loin des salles de spectacle traditionnelles. Ici pas de plateau, mais de la terre. Pas de rideau mais des pierres. Pas de décor mais deux majestueux platanes.
Après l’introduction essoufflée de Michael Schmid, à la flûte traversière, à la limite du supportable, place à la danse. Tournant sur la terre, la jeune soliste est remarquable. Elle est rejointe pas sept danseurs, hommes et femmes, tout de noir vêtus, en ligne. Ensemble, ils traversent le plateau. Les corps se frôlent, se mêlent, se soutiennent, se retiennent, s’enlacent, tombent et se relèvent. Leurs regards sont inquiets. Dans le silence, ils n’ont parfois pour tout accompagnement que le raclement de leurs baskets sur la terre et le bruit de leur respiration, souffle de vie. Les nombreux solos et duos très expressifs, alternent avec quelques chorégraphies de groupe. Hésitante, lente, titubante, rapide, la marche, ADN de la compagnie Rosas, se fait danse. La partition est impeccable, jusqu’à ce que les corps nus disparaissent totalement dans la nuit. Quand la lumière revient, un tonnerre d’applaudissements salue la performance de ces huit danseurs et quatre musiciens, pour le moment de grâce qu’ils nous ont fait vivre. Rendez-vous dans dix ans !
M.-F.A. Photo Christophe Raynaud de Lage
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