Concert d’automne des Saisons de la Voix : « heure exquise »
Les Saisons de la Voix, Espace Simiane, Gordes (84). Eloïse Cénac-Morthe, soprano ; Bastien Rimondi, ténor ; Timothée Hudrisier, piano.
Gabriel Fauré, « Clair de lune », sur un poème de Paul Verlaine ; « Lydia », sur un poème de Leconte de Lisle. Reynaldo Hahn, « L’heure exquise », sur un poème de Paul Verlaine. Gabriel Fauré, « La lune blanche », sur un poème de Paul Verlaine. Claude Debussy, « Beau soir », sur un poème de Paul Bourget. Déodat de Séverac, « Le ciel par-dessus le toit », sur un poème de Paul Verlaine. Félix Mendelssohn, « Abendlied », sur un poème de Heinrich Heine ; « Herbstlied » », sur un poème de Auguste Klingemann. Franz Schubert, « Ständchen », sur un poème de Ludwig Rellstab. Robert Schumann, « Die Lotusblumme », sur un poème de Heinrich Heine ; « In der Fremde », sur un poème de Joseph von Eichendorff. Frédéric Chopin, Ballade n°1, en sol mineur Op.23. Robert Schumann, « Dichterliebe », sur des poèmes de Heinrich Heine. Johannes Brahms, « Liebestreu », sur un poème de Robert Reinick ; « Am Strande », sur un poème de Hermann Hölt ; « Phenomenon », sur un poème de Johann Wolfgang von Goethe. Francesco Paolo Tosti, « Marechiare », sur un poème de Salvatore di Giacomo. Gioacchino Rossini, Il Barbiere di Siviglia, air de Rosina, air d’Almaviva ; La Cenerentola, duo Cenerentola-Ramiro.
La Veuve joyeuse n’était pas au programme, mais Verlaine nous a offert deux fois « l’heure exquise », dans les mélodies de Reynaldo Hahn (poème éponyme) et de Gabriel Fauré (« La lune blanche ») ; le titre était alors trop tentant…
La soirée s’annonçait sous les meilleurs auspices, à l’heure délicate où le soleil flamboie sur l’horizon (la météo clémente avait déversé des flots de touristes-photographes), en cette saison troublante qui s’alanguit doucement dans la mélancolie de l’automne, et dans le bel écrin de l’Espace Simiane, face au château.
Assurément, ce soir-là les fées s’étaient penchées sur les Saisons de la Voix, association qui s’est spécialisée dans les mélodies et lieder, qui promeut de jeunes artistes pleins de promesses, et dont la fondatrice Monique Cecconi-Botella a transmis au printemps dernier le flambeau de président à Raymond Duffaut. On peut compter sur celui-ci pour lui conserver l’éclat le plus vif.
Pour ce concert d’automne, trois jeunes talents, sympathiques de surcroît, ont décliné avec sensibilité les délicatesses de l’âme romantique, à travers notamment Fauré, Debussy, Mendelssohn, Schubert, sur des poèmes de Verlaine, Heine ou Goethe. Tous trois lauréats du Concours 2016 des Saisons de la Voix et inscrits aux concerts des master-classes du printemps dernier, heureux de revenir à Gordes qui leur avait porté bonheur.
La mezzo soprano Eloïse Cenac-Morthe, déjà engagée pour le rôle de la Cenerentola en Allemagne – et qui avait fait l’aller-retour dans la journée -, a déployé ses aigus chaleureux et ses larges médiums miroitants. Un peu à l’étroit sur cette estrade, on la devine prête à affronter avec succès des scènes plus larges et plus ambitieuses.
Le tout jeune ténor Bastien Rimondi (22 ans), au timbre à la fois velouté et limpide, a su jouer, dans cet espace intime qui impose une redoutable proximité avec le public, d’une finesse expressive qui ne cachait pas une puissance retenue. Le célèbre Ständchen, poème de Rellstab mis en musique par Schubert, m’a donné la chair de poule, et les applaudissements nourris de toute la salle ont salué la qualité de l’interprétation. Même succès pour les accents napolitains de Marechiare, où le chanteur n’a pas boudé son plaisir,… et qui n’avait rien à envier à son illustre aîné Pavarotti !
Quant aux pianistes, les Saisons veulent les sortir de leur rôle d’accompagnateurs, tout honorable que soit celui-ci. Elles en font des partenaires à égalité avec les chanteurs. C’est ainsi que Timothée Hudrisier, dont le doigté intelligent et multiple s’était fait légitimement apprécier comme membre du trio, a offert en instrument solo une lecture virile et forte de la Ballade n°1 de Chopin.
Le nouveau président de l’association a également annoncé les rendez-vous à venir : les auditions publiques du 10e concours international de lied et mélodie à la mairie de Gordes se dérouleront les vendredi 24 novembre (à partir de 16h, solistes chant) et samedi 25 (duos chant-piano, 10h30-13h30, puis à partir de 14h30). Et une nouveauté : un concert du bout de l’an, le 29 décembre, avec la soprano Emilie Blondel. La plaquette de la nouvelle saison sera disponible en novembre. Il faut suivre les jeunes lauréats issus de ces sélections : ils sont à l’orée de belles carrières. (G.ad. Photos G.ad.)
Réservations pour les auditions du concours (10€ ; forfait 2 jours : 15€) : lessaisonsdelavoix.gordes@gmail.com. Infos sur : www.lessaisonsdelavoix.com