« Regards croisés, Bach-Schubert »
Théâtre du SCAD, (le Savannah College of Art and Design de Lacoste), Maison Basse, Lacoste
Edna Stern, piano
Bach, Prélude Do Majeur BWV 846. Schubert, Moments musicaux Op. 94 D. 780, Cahier 1 n°1, moderato
Bach, Prélude en Do# mineur BWV 849. Schubert, Moments musicaux Op. 94 D. 780, Cahier 1 n°2, andantino
Bach, Prélude en La bémol majeur BWV 862. Schubert, Moments musicaux Op. 94 D. 780 Cahier 1 n°3, allegretto moderato
Bach, Fugue en Fa# mineur BWV 859. Schubert, Impromptu Op. 90 n°1
Bach, Fugue en Do# mineur BWV 849. Schubert, Impromptu Op. 90 n°2
Bach, Prélude en Fa# majeur BWV 858. Schubert, Impromptu Op. 90 n°3
Bach, Prélude en Mi bémol mineur BWV 853. Schubert, Impromptu Op. 90 No. 4
En partenariat pour la première fois avec le SCAD (Savannah College of Art and Design) de Lacoste, les Musicales du Luberon ont proposé, pour l’ouverture de la saison 2022, un récital avec une habituée du festival, la pianiste Edna Stern.
Le lieu est intime : dans une magnifique salle mise à disposition des Musicales par le SCAD, le piano trône au milieu du public.
Le programme, exclusivement centré autour de Bach et Schubert, a de quoi surprendre.
Qu’est ce qui peut lier deux compositeurs éloignés d’un siècle et si différents au niveau du style ? Comme nous l’explique la pianiste : « J’ai toujours pensé qu’un peu plus de legato chez Bach et plus de rythmique chez Schubert pourrait rapprocher ces deux sensibilités si semblables malgré le siècle qui les sépare, d’où le titre de la soirée: Regards croisés »
Depuis toujours, les plus grands musiciens ont adopté le Clavier bien tempéré de Bach comme référence suprême, au point parfois d’en faire leur nourriture quotidienne. On sait le choc que représenta pour Mozart la découverte tardive de ces préludes et fugues. De même, on sait que Chopin ne commençait pas une journée sans en travailler un ou plusieurs. Et si Schumann, qui en faisait également son pain quotidien, a écrit « La musique doit à Jean-Sébastien Bach autant qu’une religion à son fondateur », c’est à coup sûr en pensant avant tout au Clavier bien tempéré qu’il fit cette déclaration de foi. Quant à Schubert, il avait planifié de recevoir des leçons de contrepoint d’un professeur, Simon Sechter, deux semaines avant sa mort. Quelle leçon d’humilité d’apprendre que ce grand musicien ayant composé impromptus, sonates, symphonies… puisse désirer parfaire sa formation pour aller plus loin encore … en passant par Bach !
C’est ainsi qu’Edna Stern a mis en regard des pièces choisies avec soin dans un programme intime. L’alternance Bach/Schubert est un mets de choix, des pièces souvent simples de Jean-Sébastien Bach, font écho à celles de Schubert, laissant imaginer un lien naturel, évident.
Le public a découvert une pianiste inspirée, au doigté plein de ferveur, de passion et de délicatesse. Edna Stern sait imposer son style fluide et virtuose. Immédiatement, le ton est juste, la tendresse des phrasés met en valeur toutes les couleurs des œuvres choisies avec soin, sorte d’écho qui s’impose entre les deux compositeurs. Des doigts magiques de l’interprète émane un charme et une élégance infiniment séduisants, côtoyant des accords et des phrasés d’une grande force et vélocité. Le prélude n°10 de J.S. Bach offert en bis met un point final à cette merveilleuse soirée.
D.B. Photos M.A.
Laisser un commentaire