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Encore un très grand baryton qui disparaît, à 92 ans (né en 1928). Comme pour les autres artistes, nous n’avons pas la prétention de retracer une carrière de plus de 140 rôles, mais de rappeler l’empreinte qu’il a laissée dans le paysage musical de Provence. D’abord partenaire privilégié du Grand Théâtre de Tours, il a ensuite été invité dans la plupart des grandes maisons d’opéra françaises : Paris (Bastille, Garnier, Opéra-Comique, Palais omnisports de Paris-Bercy, Théâtre des Champs-Elysées), Toulouse, Marseille. Mais aussi à la Scala de Milan, et au Royal Opera House de Covent Garden à Londres.
C’est Raymond Duffaut qui témoigne, lui qui a programmé pendant plus de quatre décennies les artistes les plus renommés sur les scènes du Vaucluse (Avignon et Chorégies d’Orange).
« Michel Trempont, belge de naissance, fut l’un de nos plus grands barytons d’opéras, opéras-comiques et opérettes.
Un immense artiste, qui largement nonagénaire, avait été l’invité surprise de ma soirée de départ (« Une nuit à l’opéra », le 27 juin 2016, NDLR), où il avait pu encore chanter avec maestria le général Boum.
Il fut l’un des piliers des programmations d’Avignon : Lescaut, Figaro (extraordinaire d’insolence vocale), Figaro (des Noces), Leporello (avec Eda-Pierre et Van Dam dont on parlait récemment, disparue le 6 septembre 2020, NDLR), Marouf (inoubliable), Sancho Pança, auprès de Raimondi dans Don Quichotte (bouleversant d’émotion), Fra Melitone dans une grande Forza del Destino, tellement et tellement d’autres rôles ! En opérette : La Vie Parisienne (quel Baron !, qu’il avait chanté également à l’Opéra-Comique en 2002-2003 dans une mise en scène de Jérôme Savary, NDLR), La Grande Duchesse (Boum inimitable), La Belle Hélène (Calchas, qu’il avait joué à l’Opéra-Comique dans une mise en scène de Jérôme Savary en 1983, NDLR), La Chauve-Souris (insolent Gaillardin), Les Cloches de Corneville, Les Mousquetaires au Couvent, La Mascotte (d’Audran, rôle de Pippo qu’il avait interprété au Grand Théâtre de Tours dans une mise en scène de Michel Jarry, NDLR), Les Saltimbanques (émouvant Pingouin), Chanson d’Amour (où il était un Schubert plus vrai que nature) » ; de ce dernier spectacle, il avait signé la mise en scène au Grand théâtre de Tours en 1974, et l’avait repris en 1980.
« Et à Orange, le Dancaïre (Carmen, mise en scène Yànnis Kokkos, dorection Michel Plasson, 1992, NDLR), et pour sa dernière apparition le sacristain dans Tosca avec Gwyneth Jones et Van Dam : il savait faire d’un second rôle un rôle de premier plan par sa personnalité, sa présence, son insolence vocale : il avait gardé intacte sa voix à 85 ans et pouvait encore chanter Figaro avec toutes les notes, comme peu peuvent le faire aujourd’hui (à l’image de Florian Sempey). »
Nous l’avons entendu nous-même en Bartolo (Le Barbier de Séville, de Rossini) à l’Opéra National de Lorraine, dans une mise en scène de Ruggero Raimondi en 1992.
A Marseille, il a chanté Sharpless (Madama Butterfly de Puccini, mise en scène Colette Nivelle, 1991) ; le général Boum (La Grande-duchesse de Gerolstein d’Offenbach, mise en scène Bernard Pisani, 1997, production reprise en 1999 au Capitole de Toulouse) ; le Vizir (Màrouf, savetier du Caire, d’Henri Rabaud, mise en scène Robert Fortune, 2000) ; Sancho (Don Quichotte de Massenet, mise en scène Riccardo Canessa, 2002) ; Crespel (Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach, mise en scène Laurent Pelly, 2004) ;
L’hypothèse de la Covid, brièvement évoquée, n’a pas été confirmée.
G.ad. Photo academiedemusiquefrancaise.
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