Maurice Bourgue était né à Avignon le 6 novembre 1939, il est décédé subitement à Avignon le 6 octobre 2023. Homme discret, sans doute peu connu du grand public, c’était un immense hautboïste, chef d’orchestre et pédagogue.
« Il fut pendant des années, souligne Raymond Duffaut qui était alors directeur de l’Opéra d’Avignon, sans exagération le meilleur hautboïste du monde, disputant ce titre au Suisse Heinz Holliger (son conscrit, toujours en activité à 84 ans, NDLR) ; Maurice Bourgue était alors une vraie star, même si cet instrument n’est pas le plus visible de l’orchestre ». Comme le chef Jean-Claude Malgoire, autre avignonnais disparu, lui, en 2018 – dont la fille Florence, violoniste est décédée le 11 août dernier -, et qu’il retrouvera comme condisciple à Paris, Maurice Bourgue avait été formé à Avignon par Mariem Cassan, hautbois de l’Orchestre municipal d’Avignon et remarquable professeur ; anecdotiquement, Mariem Cassan avait créé dans les années 1970 la piscine de la Barthelasse sur le terrain dont il était propriétaire.
Maurice Bourgue avait commencé à jouer, enfant, aux côtés de son père clarinettiste amateur, dans des fêtes locales… et au Festival d’Avignon. Puis, couronné par diverses récompenses, comme le seront par la suite plusieurs de ses enregistrements, il a été cor anglais solo à l’orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, aux côtés de Jean-Claude Malgoire, puis hautbois solo à l’Orchestre de Paris lors de sa création en 1967, sous la direction quasi paternelle de Charles Münch, et jusqu’en 1979 ; il se produisait aussi en soliste sous la direction de chefs comme Claudio Abbado, John Eliot Gardiner, Riccardo Chailly ou Daniel Baremboim ; il avait fondé en 1972 un Octuor à vent qui porte son nom. Il a été un professeur renommé au Conservatoire de Paris, de 1979 à 1992, puis au Conservatoire de Genève, et a enseigné dans divers pays du monde. Il a créé des œuvres de plusieurs compositeurs, comme Henri Dutilleux (1916-2013), notamment en 2010 sa toute dernière composition, Les Citations, pour hautbois, clavecin, contrebasse et percussions.
Raymond Duffaut connaissait bien Maurice Bourgue, « un homme adorable, aussi discret que talentueux » ; il l’avait accueilli plusieurs fois en musique de chambre, également en concertiste avec l’orchestre d’Avignon, « et dans un légendaire Pierrot lunaire de Schoenberg, joué alors devant une salle comble ; avec les Pasquier, violon et alto, Alain Marion, Portal, Lodéon, Maurice Bourgue, ainsi que son homonyme Daniel Bourgue, autre avignonnais mais sans lien familial, qui fut longtemps cor solo à l’Orchestre de l’Opéra de Paris », lui-même disparu le 14 mars 2023 à 86 ans.
« L’un des plus grands musiciens français nous a quittés. Il fut une immense inspiration pour moi et ma génération », salue le chef François-Xavier Roth (51 ans), fondateur de l’Orchestre Les Siècles, qui se produisait tout récemment à Aix-en-Provence.
G.ad. Photo @Jacques Sarrat/ Sygma via Getty Images. In France Musique
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