Encore une grande artiste lyrique qui disparaît, victime de la Covid, dans le Gard où elle était née il y a 93 ans. Comme pour les autres artistes, nous n’avons pas la prétention de retracer une carrière, mais de rappeler l’empreinte qu’elle a laissée dans le paysage musical de Provence, et dans le souvenir de ceux qui l’ont connue ; notamment de Raymond Duffaut, qui a programmé pendant plus de quatre décennies les artistes les plus renommés sur les scènes du Vaucluse (Avignon et Chorégies d’Orange).
« Je viens d’apprendre avec beaucoup de tristesse le décès en ce début d’après-midi d’Andréa Guiot, à qui me liait une longue et profonde amitié. Elle a été « foudroyée » par la Covid, alors qu’elle s’occupait de sa sœur aînée qui venait elle-même de l’avoir !…
Andréa Guiot fut l’une de nos plus grandes soprani lyriques, chantant tous les rôles de ce répertoire, à l’Opéra – elle a fait partie de la « grande » troupe -, à l’Opéra-Comique, sur toutes les scènes de province, à la Scala de Milan.
Elle a été Mimi, Butterfly, Marguerite, Louise, Micaëla, Antonia…et tout particulièrement Liù, inoubliable, qu’elle a chantée auprès de Pavarotti, et, bien évidemment, une irremplaçable Mireille, qu’elle a marquée de sa formidable empreinte.
Elle fut cette Mireille aux Chorégies et je l’avais invitée pour la première Mireille de Nathalie Manfrino, qu’elle avait affectueusement préparée au rôle. Thierry Mariani, alors président des Chorégies, lui avait alors remis une gerbe en hommage, juste avant le début de la représentation, au premier rang des gradins.
Elle avait une technique impressionnante, une sûreté vocale rare, une grande (apparente) facilité, une très belle couleur et une grande sensibilité dans l’interprétation.
J’ai en mémoire une anecdote concernant une Bohème qu’elle avait chantée à Avignon en français. Comme mon prédécesseur n’avait pas trouvé de ténor français, il avait engagé un Italien (Terranova de mémoire) : Andréa avait bien entendu chanté en français, mais avait chanté les duos avec Rodolphe en italien !! Toute une époque…
Aux environs de 50 ans, Alain Lombard lui a proposé l’Elisabeth de Don Carlo à Strasbourg : elle a beaucoup hésité, trouvant le rôle lourd pour elle, mais avait fini par ne pas résister à Lombard. Elle l’a chanté magnifiquement, mais, à la fin des huit ou dix représentations, a délibérément mis fin à sa carrière, ne voulant pas être confrontée à ce genre de questionnement.
Elle se consacra alors à l’enseignement et fut un professeur adulé par ses élèves : au CNSM de Paris, dans son mas de Rapatel à Garons où elle accueillait chez elle ses élèves : elle était certes exigeante, mais tellement attentive et à l’écoute des jeunes. Rapatel était la maison pour tous !
J’ai eu également le bonheur de travailler avec elle au CNIPAL (Centre National d’Insertion Professionnel des Artistes Lyriques, dont il faut saluer le travail exceptionnel, NDLR), entre 1985 et 1989, où je lui avais demandé de s’occuper du département solistes, à la suite du décès foudroyant de Rita Streich, avec la bénédiction du Ministère.
Elle était toujours aussi enthousiaste, généreuse, bienveillante pour les jeunes générations.
Par ailleurs Andréa avait été en grande partie à l’origine de la création du Concours d’Opéra à Arles, dont je préside désormais le jury, à sa demande, depuis plusieurs années.
Je lui avais proposé de donner son nom au Concours, ce qu’elle a toujours refusé de son vivant en me disant : « vous aurez tout loisir de le faire quand je ne serai plus là » !
Je viens donc d’en faire la demande à la Présidente des fêtes d’Arles…et du Concours ».
On peut retrouver également sur le site de France-Musique le 1er des 4 volets consacrés en août 2019 à Raymond Duffaut « portrait méridional », avec une évocation d’Andrea Guiot.
G.ad. Photos France-musique
Нина dit
Née le 11 janvier 1928 dans le Gard, Andrea Guiot était surnommée la “Mireille nationale”, pour son interprétation du rôle-titre de l’opéra. Elle obtient ses premiers prix de chant et d’opéra au Conservatoire de Paris en 1955. A 24 ans, elle fait ses débuts sur scène dans le rôle de Marguerite de
Classique dit
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