En ouverture à Covent Garden :
une Sabine Devieilhe époustouflante
Voir Un autre compte rendu du même événement, par J.-L.A.
Royal Opera House, Covent Garden, Londres.
Compositeur, Wolfgang Amadeus Mozart ; livret, Emanuel Schikaneder ; mise en scène, David Mc Vicar ; décors, John Macfarlane ; lumières, Paule Constable. Direction, Julia Jones
Pamina, Siobhan Stagg ; Tamino, Mauro Peter ;Papageno, Roderick Williams ; Sarastro, Mika Kares ; la reine de la Nuit, Sabine Devieilhe ; Première dame, Rebecca Evans ; Deuxième Dame, Angela Simkin ; Troisième Dame, Susan Platts ; Monostatos, Peter Bronder ; Papagena, Christina Gansch ; Président du Temple, Darren Jeffery ; Premier prêtre, Harry Nicoll ; Deuxième prêtre, Donald Maxwell ; Premier homme en armure, Thomas Atkins ; Deuxième homme en armure, Simon Shibambu
Royal Opera Chorus. Maître de concert, Vasko Vassilev
Orchestre du Royal Opera House
Ce ne sera sans doute pas une production inoubliable, même si elle tourne depuis 2003, mais c’est de la belle ouvrage, comme marque de fabrique de Covent Garden ; pas toujours originale, mais toujours de qualité pour cette comédie musicale avant la lettre, mi-chantée mi-parlée.
Cette production est marquée par trois personnalités qui touchent à l’excellence. La Britannique Julia Jones, qui assure sobrement, avec une finesse et une précision millimétrée, une direction de très grande volée.
La Française Sabine Devieilhe, dans un rôle de composition qui magnétise la scène et la salle, campe une Reine de la nuit sublime : une présence qui vous emporte dans un tourbillon, une voix d’une pureté exquise, une autorité redoutable… Quand on l’a vue et entendue dans Lakmé à Avignon, et interviewée à cette occasion, on est bluffé par ce don exceptionnel de la métamorphose.
Enfin le jeune Finlandais Mika Kares (39 ans), un colosse aux basses impressionnantes, tout à la fois plein d’humanité et empreint d’une noble solennité, mérite de rester dans les annales des Sarastro…
Le reste de la distribution est honorable mais ne m’a pas séduite. La jeune Australienne Siobhan Stagg (tout juste 30 ans), avait conquis l’Opéra de Dijon sous la direction de Christophe Rousset, puis la Philharmonie de Paris en version concert, dans ce même rôle de Pamina. Souhaitons que l’Opéra de Limoges, où elle se produira en novembre 2017, puis Caen en décembre, enfin le Deustche Oper de Berlin, aient pour elle les yeux de Tamino. Celui-ci, Mauro Peter (30 ans), en troupe à Zurich – comme naguère notre pétulante Julie Fuchs -, manque de charisme dans le rôle de Tamino, rôle ingrat de jeune premier qui s’affirme peu à peu, qu’il chante pourtant depuis trois ans. Il a par ailleurs fait grande impression au dernier Festival de Pâques d’Aix-en-Provence de Renaud Capuçon dans un programme de lieder. Peut-être le vétéran Roderick Williams (52 ans), lui, en Papageno fantaisiste à souhait, a-t-il légitimement suscité rires, sympathie et applaudissements.
Le public de Covent Garden, très agréablement réactif, a largement salué aussi la mise en scène de David Mc Vicar, qui a ménagé l’univers du conte, avec animaux articulés et engins volants, et le monde maçonnique avec ses symboles, discrets au demeurant.
Pas inoubliable donc, cette Flûte, mais de belle facture, comme la plupart des productions de Covent Garden.
On ne félicitera jamais assez les cinémas qui ont pris le risque de programmer ces retransmissions d’opéras et de ballets : pour le R.O.H., 1.082 salles dans 31 pays, avec sous-titrage en 9 langues. Le pari est largement gagné aujourd’hui, avec un public croissant et largement fidélisé. Les commentaires (ici de Clemency Burton-Hill), interviews et autres reportages apportent aussi un éclairage intéressant, et la prise de vue est généralement pertinente, ménageant un heureux équilibre entre plans d’ensemble et gros plans, qui ne dénature pas la mise en scène. Au cinéma Rivoli de Carpentras, où j’ai vu cette production, la fréquentation pour les ballets était en 2016-2017 d’environ 50 personnes par soirée – fort honorable pour une petite ville -, et entre 100 à 200 personnes pour les opéras, avec 1200 places sur l’ensemble de la saison ; le record appartient à Casse Noisette (74 spectateurs) et Norma (204). (G.ad. Photos Wikipédia – Julia Jones – & R.O.H.)
Toute la programmation du R.O.H. sur : www.roh.org.uk