Beethoven sous la baguette de Myung-Whun Chung : un concert qui décoiffe !
Jeudi 7 juillet 2022, 21h30, durée 1h20. Théâtre antique d’Orange. Chorégies 2022 (site officiel)
Direction musicale, Myung-Whun Chung. Piano, Pierre-Laurent Aimard
Orchestre philharmonique de Radio France
Beethoven, Concerto n°5 pour piano en mi bémol majeur, opus 73 (dite de L’empereur)
Beethoven, Symphonie n°7 en la majeur, opus 92
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Directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Radio France de 2000 à 2015, le chef d’orchestre Myung-Whun Chung a retrouvé le temps d’une soirée la scène emblématique des Chorégies d’Orange. Sa présence à Orange – c’est toujours un événement – témoigne de sa fidélité au festival, puisqu’il en est à sa 12e participation.
Au programme de la première partie de la soirée, le 5eme Concerto de Beethoven, dit «L’Empereur », avec comme soliste, le pianiste Pierre-Laurent Aimard. Ce dernier est reconnu comme un spécialiste de musique contemporaine, en particulier d’Olivier Messiaen dont il est l’un des interprètes les plus connus. Il a également été choisi par Pierre Boulez comme soliste pour l’Ensemble Intercontemporain durant dix-huit ans!
Pierre-Laurent Aimard est également un spécialiste des pages beethovéniennes puisqu’il a enregistré il y a quelques années, l’intégrale des concertos de Beethoven sous la direction de Nikolaus Harnoncourt. Ce grand pianiste a accepté de remplacer un autre grand nom du piano, Nicholas Angelich qui était programmé pour cette soirée mais la maladie en a décidé autrement !
Bon nombre de spectateurs ont pu se souvenir de cette soirée mémorable au cours de laquelle pour le concert d’adieu de Myung-Whun Chung à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, étaient rassemblés sur la scène des Chorégies de grands noms du piano : Martha Argerich, Nicholas Angelich et bien sûr le chef d’orchestre qui a endossé un court moment sa casquette de pianiste.
C’était en juillet 2015 et les trois artistes avaient interprété en bis à 6 mains une Romance de Rachmaninov dont voici un court témoignage. Un moment rare, qui nous avait tous beaucoup impressionnés.
Mais revenons au concert du 7 juillet 2022.
Un mistral éprouvant qui n’a pas faibli tout au long de la soirée (jusqu’à 98 km/h !), a malmené les partitions du 5ème concerto en mi bémol Majeur op73 dit Empereur de Beethoven.
Le premier mouvement impressionne par sa puissance et sa longueur. L’orchestre fait preuve d’une énergie jubilatoire. Les notes martelées au piano donnent un accent militaire voulu par le compositeur. A l’époque, la guerre faisait rage entre la France et l’Autriche et Beethoven ne soutenait pas Napoléon. Le dialogue entre Pierre–Laurent Aimard et l’orchestre souligne les magnifiques phrasés à la rythmique éloquente. La direction de Myung-Whun Chung est idéale, il vit sa musique et danse devant l’orchestre. Chef et soliste sont en totale harmonie. Dans le second mouvement, le contraste est total avec un thème nostalgique, repris au piano. Cette trêve sera suivie d’une écriture rythmique où les accents militaires dominent. Ce concerto a été longuement applaudi par un public subjugué par l’harmonie qui régnait entre les interprètes.
En seconde partie de la soirée, la 7eme symphonie op 92 dite Apothéose de la Danse est la symphonie de la maturité de Beethoven puisqu’elle fut composée vers 1812.
D’une vigueur incessante, Myung-Whun Chung entraîne l’orchestre dans des tempêtes de rythmes. Pour le célébrissime second mouvement, Beethoven suit la forme d’un thème et variations. Le thème exposé est une marche au rythme immuable : le compositeur le reprend inlassablement et lui adjoint un élément nouveau. La marche grave et solennelle se charge d’énergie et anime l’ensemble de l’orchestre. Les cordes graves jouent ici un rôle prépondérant. Le crescendo qui suit provoque une intensité émotionnelle. Ce mouvement sera bissé dès sa création en 1813 lors d’un concert donné pour les soldats blessés à la guerre. Myung-Whun Chung catalyse ensuite les forces internes de son orchestre pour produire des rythmes qui aboutissent dans un finale époustouflant à une merveilleuse conclusion largement saluée par un public enthousiaste !
On peut parler de l’Apothéose de la Musique !
D.B. Photos M.A.
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