Un bouquet final…
Concert de clôture, samedi 20 août 2022, Festival international de piano de La Roque-d’Anthéron
Félix Mendelssohn
Orchestre de Chambre de Lausanne Jorge Gonzalez Buajasan, piano, Renaud Capuçon, violon et direction.
Une soirée douce et dynamique !
En ce début de soirée, un léger mistral berce les feuilles dans le parc du château Florans. Les arbres sont comme lavés de leur poussière par les pluies des jours précédents. Et le soleil traverse les ramures pour accueillir, avec l’ensemble des bénévoles, tous les auditeurs : cela s’annonce sous les meilleurs auspices !
Chacun prend place en entendant les cordes s’accorder derrière la scène. La conque, dans laquelle les musiciens joueront dans quelques instants, démontrera une fois encore son efficacité dans la diffusion des sons.
Le programme Mendelssohn débute par le Concerto pour violon, piano et cordes en ré mineur. Dans les allées, j’entends que, pour beaucoup, l’œuvre devait être une découverte. Pour l’exécuter, le jeune Jorge Gonzalez Buajasan est au piano. Il est très attentif à Renaud Capuçon, qui tient la partie de violon, et qui, de l’archet, dirige « son » orchestre. Dès le premier mouvement, on les sent unis par une harmonieuse complicité, et par la sûreté dégagée par le chef, qui a déjà plusieurs fois interprété ce concerto in loco, avec d’autres partenaires. Cet Allegro est finement ciselé à l’oreille. J’ai moins apprécié la partition de l’Adagio, où le piano ne semble qu’accompagner le violon et les autres cordes, malgré une évidente connivence entre solistes et phalange. Dans l’Allegro molto final, on profite à nouveau du bon équilibre entre les artistes. Souhaitons retrouver rapidement Jorge Gonzalez Buajasan dans un programme qui le laissera s’exprimer davantage.
La seconde œuvre était la Symphonie n°3 en la mineur opus 56 « Ecossaise ». Si le piano et le violon solo ont quitté la scène, les cuivres, les anches et timbales la rejoignent. L’introduction et le premier Allegro nous apparaissent très classiques et même du baroque germanique dans leur composition. Ce n’est pas pour me déplaire ! Mendelssohn s’est en effet interrompu dans son écriture, et ne la reprendra que 12 ans plus tard. Le deuxième mouvement est Vivace. La clarinette en soliste résonne comme une cornemuse dans cette symphonie qualifiée d’écossaise. On ne quittera pas la lande dans l’Adagio qui suit. Les auditeurs ont apprécié la maitrise de la direction de Renaud Capuçon, qui sait parfaitement mettre en valeur chacun des instruments en solo – flûte, hautbois, bassons ou cor – et créer un univers sonore unique. Le quatrième mouvement et le final sont plus enlevés et martiaux : on croirait assister à un défilé de Horse Guards devant la reine Victoria, à laquelle cette pièce est dédiée. Auraient-ils remonté l’allée de platanes majestueux du parc du château Florans ?! Bien qu’il soit « de chambre », l’orchestre de Lausanne a un réel dynamisme dans les forte. Ses musiciens ont aussi une grande finesse dans les piani, ce que le public a su apprécier au cours de cette belle soirée de découvertes musicales. On ne pouvait rêver plus talentueux bouquet final !
N.A. Photos N.A.
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