Un bouquet vivant… trop vivant
Carmen(s). Création 2018. Coréalisation Opéra Grand Avignon et Hivernales
Chorégraphie, scénographie, conception vidéo : José Montalvo (notre entretien ici)
Avec : Karim Ahansal dit Pépito, Rachid Aziki dit ZK Flash, Éléonore Dugué, Serge Dupont Tsakap, Samuel Florimond dit Magnum, Elisabeth Gahl, Rocío Garcia, Florent Gosserez dit Acrow, Rosa Herrador, Chika Nakayama, Ji-eun Park, Kee-ryang Park, Lidia Reyes, Beatriz Santiago, Saeid Shanbehzadeh, Denis Sithadé Ros dit Sitha
Assistante à la chorégraphie : Joëlle Iffrig. Assistant à la chorégraphie Flamenco : Fran Espinosa. Musique live : Ji-eun Park, Kee-ryang Park, Saeid Shanbehzadeh. Musique : Georges Bizet. Costumes : Sheida Bozorgmehr assistée de Coumba Diasse. Lumières : Vincent Paoli. Son : Pipo Gomes. Collaborateurs artistiques à la vidéo : Sylvain Decay, Franck Lacourt. Infographies : Sylvain Decay, Clio Gavagni, Michel Jaen Montalvo. Chef opérateur tournage : Daniel Crétois assisté d’Andrès Gomez-Orellana
Durée : 1h15.
Je me suis laissé séduire facilement par cette Carmen multiple (notre entretien avec le chorégraphe José Montalvo ici) , par sa joyeuse vitalité, par son énergie roborative, par la vigueur acrobatique de ses 7 Don(s) José(s) et le charme pétillant des 9 Carmen(s). Je me suis laissé séduire par le tempo soutenu, par une orchestration rajeunie d’une partition légitimement plébiscitée d’un bout à l’autre de l’univers ! Je me suis laissé séduire aussi par ce tour du monde et tour des rythmes et des musiques, à travers flamenco, classique, hip-hop, danse traditionnelle orientale, percussions coréennes, cornemuse iranienne, et vidéo. Tout cela fait jaillir un bouquet d’une belle jeunesse, solaire et métissée, un bouquet inattendu et enivrant. Et le public nombreux qui emplissait l’Opéra Confluence ce soir-là, tous âges confondus, s’est volontiers laissé séduire aussi par ce très beau spectacle, moderne, tellement vivant et coloré !
Néanmoins j’ai dû me faire violence pour accepter que fût occultée toute la profondeur tragique, terrible, d’un personnage qui n’est devenu un mythe, justement, que par le moment crucial, assumé et même provoqué, du face-à-face avec la mort. De même Roméo et Juliette ne seraient-ils pas passés à la postérité s’ils avaient vécu heureux et avaient eu beaucoup d’enfants. Dans le mythe, dans le drame, dans la tragédie, dans l’opéra, Eros ne va pas sans Thanatos ; c’est ce qui lui donne sa grandeur et sa terrible beauté.
Mais ne boudons pas notre plaisir…
G.ad. Photos Patrick Berger