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Les Halles, 21h30, durée : 1h25. Du 7 au 26 juillet, relâche les 13 et 20 juillet. Réservations au 04 32 76 24 51
Chasse à l’homme ?
Braconniers est la dernière création d’Eric Bouvron, et l’on y retrouve ce que l’on aime dans ses spectacles : des décors épurés, quelques accessoires (des caisses en plastique, des bouteilles de bière vides et une roue), de la musique, des bruitages, et grâce à l’habileté de la mise en scène, la magie du théâtre opère, il nous emporte avec lui en Afrique du Sud, un pays qu’il connaît bien pour y avoir vécu, une Afrique remplie de contradictions qu’il cherche à nous faire toucher au plus intensément.
Il sera question de braconnage bien sûr, celui des cornes des rhinocéros. Mais le rapport de l’homme à la nature, la difficulté des communautés à vivre ensemble, même longtemps après l’apartheid, les inégalités sociales qui persistent, la vengeance, sont autant d’autres thèmes qui traversent ce spectacle tellement puissant.
Paul Wright, magnifiquement interprété par Yannis Baraban, tue l’un des deux braconniers qui a tué son rhinocéros, Humba, élevé au biberon après la mort de sa mère massacrée par des braconniers. Il est dans une rage folle et ne se maîtrise plus, il mène une véritable chasse à l’homme pour retrouver l’autre braconnier. Mais sur sa route, il va croiser le père de celui qu’il a tué, tout à son deuil, ainsi que son frère, assoiffé de vengeance. Et c’est le récit dramatique et mouvementé de ces rencontres que nous allons vivre. Chaque acteur incarne avec brio et un immense talent tout autant les autres personnages que les animaux. Ils nous subjuguent et l’on y croit véritablement. L’intensité dramatique est forte tout du long. Rien n’est manichéen. De salutaires moments d’humour permettent une respiration nécessaire.
Un spectacle extrêmement fort qui sait nous emmener sur les pistes d’Afrique du Sud et nous faire réfléchir à la folie des hommes, dont les animaux mais aussi les autres hommes sont les victimes. Une image finale pleine d’espoir nous réconcilie malgré tout avec l’humanité car c’est bien l’homme dans toutes ses contradictions que nous présente cette pièce.
Sandrine. Photo Éric Bouvron
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