Chorégies d’Orange. Théâtre antique. Durée 2h.
Direction musicale, Fayçal Karoui. Julie Fuchs, soprano ; Sébastien Guèze, ténor ; Nicholas Angelich, piano
Bernstein, Candide, Ouverture ; Air de Cunégonde : « Glitter and be gay ».
West Side Story, extraits
Gershwin, Rhapsody in Blue ; An American in Paris
Orchestre Philharmonique de Marseille
Julie Fuchs et Fayçal Karoui : une bête de scène et un diable de chef. Un tandem de choc.
On connaît depuis longtemps l’Avignonnaise, qu’on a suivie depuis ses débuts prometteurs et dans son ascension fulgurante. Raymond Duffaut ne pouvait se tromper en lui confiant un récital dans le théâtre antique, lieu qu’elle fréquente régulièrement grâce à Musiques en Fête. Son timbre reconnaissable entre tous, fruité, charnu, limpide, m’a, une fois encore, donné la chair de poule. Peut-être cependant son To-night était-il plus poignant quand elle le chantait avec Julien Behr…
Et quelle présence en scène ! Dans ses robes pimpantes aux couleurs éclatantes, elle offre sa fougue généreuse, sa malice juvénile, son talent pepsy, à un public conquis d’avance.
Surtout quand le répertoire américain dans lequel elle excelle aussi, est mené par la baguette jazzy de Fayçal Karoui. Bernstein en première partie, Gershwin en seconde, et des va-et-vient entre les deux… On avait applaudi le chef quand il avait magistralement remplacé au pied levé son maître Michel Plasson dans les Carmina Burana en 2014. On l’avait applaudi ensuite à Avignon. Ce lundi, dans un air d’une tiédeur suspendue, presque transparente, tout prenait une aérienne légèreté. Et le chef, sautant, tournant, chantant, communiquait son irrésistible énergie au Philharmonique de Marseille, en très grande forme, renforcé de l’Ensemble instrumental des Chorégies. Une mention spéciale pour Victorien Vanoosten, qui passait acrobatiquement du piano au célesta…
Le public a réservé à tous une longue, très longue ovation.
Quant à Nicholas Angelich, valeur sûre également, je n’ai pour ma part jamais été très sensible à son jeu ; il m’aurait pourtant presque séduite dans la Rhapsodie in blue, que d’aucuns au contraire ont trouvée lourde, plate et convenue.
Moins convaincant s’est révélé le ténor Sébastien Guèze, remplaçant au pied levé Benjamin Bernheim. Souvent critiqué, il m’avait pourtant paru jusqu’ici adapté à ses rôles. Il avait par exemple campé un Chevalier Des Grieux prometteur cette saison à Marseille. Mais à Orange… Peu à l’aise dans ce répertoire pourtant festif et roboratif, il s’est carrément fourvoyé dans un Summertime – avec Nicholas Angelich au piano -, que Julie auprès de lui n’a pas réussi à rattraper. Restant à côté du rôle et du ton, il est loin d’avoir transformé l’essai. Dommage…
La pluie annoncée pour la fin de soirée a épargné le concert. Le nouveau directeur Jean-Louis Grinda avait supprimé l’entracte, avec l’accord des artistes, mais les bis et reprises n’ont pas pour autant pas raccourci la soirée, preuve d’un réel enthousiasme partagé.
G.ad.