Festival international de piano de La Roque d’Anthéron
Mercredi 11 Août 2021, 21h, Château de Florans, Auditorium du Parc, La Roque d’Anthéron
Benjamin Grosvenor, piano
Liszt, sonnets de Pétrarque 104 et 123
Liszt, sonate en si mineur
Ginastera, danzas argentinas op. 2
Ravel, Gaspard de la nuit
C’est à La Roque d’Anthéron, en 2012, que j’entendis pour la première fois Benjamin Grosvenor. Un article de la revue Diapason avait appelé mon attention sur ce jeune pianiste anglais (né en 1993), présenté comme une étoile montante. J’avais saisi cette occasion de le découvrir. Effectivement, l’artiste était à suivre, qui a fait, depuis, son chemin à travers le monde et reste très demandé de nombreux chefs, orchestres et salles de concert. Sa discographie (3 disques) est également remarquable.
C’est donc, comme on pouvait s’y attendre, un récital de belle qualité que nous a offert ce 11 août Benjamin Grosvenor, devant un auditorium, hélas, incomplètement garni. Effet du programme ou, ce que je crois, musicien pas encore assez connu en France ni dans la région, même s’il avait donné le 12 novembre 2014 un récital remarqué à l’Opéra-théâtre d’Avignon ?
Le programme débutait par Liszt, avec, d’abord, les sonnets 104 et 123 de Pétrarque, tirés de la 2ème des années de pèlerinage (Italie). C’est avec une belle maîtrise des nuances, passant des moments de rêverie aux élans passionnés, que le pianiste traduisait le souvenir de Laure, de ses pleurs (sonnet 104), de sa voix mêlée au souffle du vent dans les arbres (sonnet 123). Et quelle délicatesse dans le final du 104 !
Suivait le premier gros morceau de la soirée, la sonate en si mineur. La virtuosité nécessaire était au rendez-vous. Menant son jeu de main de maître, avec fougue, passion, mais aussi retenue dans les passages plus calmes, soulignant l’aspect « faustien » de l’œuvre, l’artiste emportait l’enthousiasme du public. Je restais cependant, pour ma part, sur une impression un peu plus mitigée, notamment à cause de sons qui m’ont paru trop confus dans les forte de la première partie. En revanche, l’interprétation m’est apparue remarquable à partir de l’andante sostenuto.
Après une courte pause, venait le compositeur argentin, Alberto Ginastera (1916-1983), avec ses trois danzas argentinas de l’opus 2. Un compositeur bien trop rare en France. La Danza del viejo boyero et la Danza del gaucho matrero ont quelques airs de Prokofiev. La deuxième, la plus virtuose, est aussi la plus intéressante. La Danza de la moza donosa est, elle, une jolie berceuse tout empreinte de rêverie.
Benjamin Grosvenor avait choisi de modifier son programme initial en remplaçant trois intermezzi de Brahms par le Gaspard de la Nuit de Maurice Ravel, l’un de ses chevaux de bataille. Nous n’avons pas eu à le regretter, comblés que nous avons été par l’atmosphère mystérieuse d’Ondine, l’envoûtant gibet, avec ce glas lancinant en si bémol, et le fantastique Scarbo, qui mettait en valeur toute la virtuosité du pianiste et la finesse de son interprétation.
A l’enthousiasme débordant du public, l’artiste offrait deux bis : le gnomenreigen (ronde des lutins) de Liszt, qui, encore une fois, mettait en valeur sa virtuosité, et à nouveau, pour finir dans une note plus apaisée, la Danza de la moza donosa, de Ginastera.
B.D.
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