Opéra de Marseille, le 29 novembre 2019
Orchestre Philharmonique de Marseille. Lawrence Foster, direction. Clelia Cafiero, piano
Ludwig van Beethoven, Les Créatures de Prométhée, en si bémol, op.43
Ludwig van Beethoven, Concerto pour piano n°3 en ut mineur, op.37
Ludwig van Beethoven, Symphonie n°3 en mi bémol, op.55, dite « Héroïque »
Après la 9ème Symphonie dimanche dernier, c’est une nouvelle soirée exclusivement Ludwig van Beethoven que programme l’Opéra de Marseille, qui prend ainsi un tout petit temps d’avance sur les célébrations, qu’on imagine nombreuses en 2020, pour célébrer le 250ème anniversaire de la naissance du compositeur (1770-1827).
La pièce qui ouvre la soirée est plutôt rare, même si l’on en donne régulièrement l’ouverture : Les Créatures de Prométhée est l’unique musique de ballet composée par Beethoven, dont l’Orchestre Philharmonique de Marseille nous joue trois extraits. Après les accords initiaux bien marqués, les mélodies et l’orchestration de l’ouverture sont très beethovéniennes, avec un entrain qui évoque à plusieurs reprises l’ouverture des Nozze di Figaro de Mozart. Le deuxième passage (n°5 du ballet) démarre à la flûte subtile sur des pizzicati de cordes, puis chaque bois s’expose chacun à son tour avant que le violoncelle solo ne prenne le premier rôle. Les passages à la flûte et harpe sont charmants, et les quelques applaudissements qui viennent saluer la fin de la séquence donnent l’occasion au chef Lawrence Foster d’indiquer à la salle que ce sont les uniques mesures, dans toute la production de Beethoven, composées pour la harpe. L’extrait final est bien plus allegro, puis on installe le piano.
Le célèbre Concerto pour piano n°3 convoque la jeune soliste Clelia Cafiero, qui a été nommée pour cette saison cheffe assistante et pianiste de l’Orchestre Philharmonique de Marseille. Après l’exposition des thèmes par les musiciens, dans des nuances assez franches, la pianiste nous montre une belle maîtrise de sa virtuosité, avec des notes bien détachées dans les passages les plus virtuoses, mais aussi de la délicatesse dans les séquences plus douces. La longue section au piano seul avant la conclusion du premier mouvement (Allegro con brio) est pleine de caractère et installe une forte présence. Le début du Largo suivant, toujours au seul instrument, est spécialement poétique, avant que ne s’installe, entre orchestre et piano, un dialogue subtil, lent, empreint d’une certaine sérénité. Le troisième et dernier mouvement en Rondo allegro est évidemment plus joyeux et sautillant, avec une pâte orchestrale peut-être un peu épaisse par moments en comparaison d’autres passages bien plus légers.
A la demande du public, Clelia Cafiero offre deux bis, d’abord Le tic-toc choc de François Couperin, puis Etincelles du compositeur Moritz Moszkowski, deux petites pièces très virtuoses, rapides, bondissantes, vives et primesautières par instants, où la pianiste démontre à nouveau tout son talent. C’est aussi l’occasion pour elle de prendre le rythme à son compte et pouvoir proposer des ralentis et accélérations qui collent au mieux à la densité de son interprétation.
Après l’entracte, c’est un autre tube beethovénien qui est à l’affiche, sa Symphonie n°3 en quatre mouvements, soit « l’Héroïque ». Dans l’Allegro con brio, c’est à nouveau un orchestre en bonne forme qui produit de beaux unissons de cordes, et encore une jolie expressivité de la part des bois. Le deuxième mouvement en « Marcia funebre. Adagio assai » est réellement funèbre dès les premières mesures, avec des contrebasses lugubres, puis la mélancolie du hautbois, ceci avant des crescendos de tutti orchestraux vers des climax où les percussions participent très activement ! Le 3ème du « Scherzo. Allegro vivace » nous montre un tout petit temps faible de la phalange, la mise en route collective et parfaitement précise du point de vue du rythme n’étant pas immédiate. On oublie vite ce moment avec la belle prestation des cors plus loin, puis la solennité et enfin le brillant du Finale.
Un bel hommage anticipé de Marseille à Beethoven, et l’on espère réentendre la pianiste dans d’autres œuvres, et voir aussi prochainement la cheffe baguette en main ! (F.J. Photo orchestre VDM, portrait Clélia Cafiero DR, photos concert I.F.)
Laisser un commentaire