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Théâtre du Chêne noir, 21h10, durée 1h30. Du 7 au 29 juillet, relâche les 10, 17 et 24 juillet. Réservations au : 04 90 86 74 87
À vouloir trop en faire, on perd son public…
Cette pièce est l’adaptation du Barbe bleue d’Amélie Nothomb. On le sait dès l’entrée puisque sont projetées sur le rideau des images d’une petite fille habillée « à la façon de » l’autrice célèbre. Pourquoi avoir choisi tout au long de la pièce de rappeler que ce texte n’est pas écrit pour le théâtre, en faisant dire aux personnages eux-mêmes des « dit-elle » ou « dit-il » ainsi que de la narration en parlant d’eux à la troisième personne ? Nous n’en comprenons pas l’intérêt et cela perturbe notre entrée dans la pièce.
Nous regrettons encore plus est cette volonté de Frédérique Lazarini, la metteuse en scène, de faire basculer l’histoire dans un univers de conte de fées, alors que le roman originel, justement n’en est pas un. Le décor est excessivement doré, les mets servis sont démesurés, le recours à la magie et aux effets spéciaux tente de rendre aussi cet univers féerique, mais cet univers cadre mal avec la narration. Les projections vidéo auraient pu avoir de l’intérêt, celle des femmes tuées par Don Elemirio pourrait rendre palpable toute l’inquiétude attendue, mais elles sont trop vite balayées. Quant à celles de Saturnine se regardant dans un miroir, elles semblent en total décalage et on a du mal à y reconnaître l’actrice jouant ce soir-là, qui a succédé à Lola Zidi, créatrice du rôle à Paris.
Il faut tout de même souligner la qualité de la prestation des acteurs. Pierre Forest est un Don Elemirio impressionnant, il a le physique et la voix qu’il fallait pour restituer toute la noblesse, toute la passion et toute la démesure de ce personnage ; quel dommage d’ailleurs qu’il ne soit pas mieux mis en valeur ! Cédric Colas en majordome qui régit tout se révèle pour le moins amusant, voire quelque peu impressionnant par sa magie. Gisèle Worthington enfin exprime avec beaucoup de justesse à la fois la naïveté, mais aussi la détermination et le courage de Saturnine.
Une très belle distribution, avec des acteurs talentueux, mais des choix de mise en scène regrettables. À vouloir trop en faire, on perd son public, qui sort déçu.
Sandrine. Photo Guillaume Rolland
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