Œuvres du répertoire, artistes de qualité : succès assuré
Concert Mozart – Dvorák. Parc du Château de Florans, La Roque d’Anthéron le 8 août 2022. Festival International de Piano de La Roque d’Anthéron
Direction musicale, Aziz Shokhakimov. Piano, Anne Queffélec. Soprano, Marion Tassou
Sinfonia Varsovia
Mozart : « Ch’io mi scordi di te ?…Non temer, amato bene » K. 505. Mozart : Concerto pour piano et orchestre n°27 en si bémol majeur K. 595. Dvorák : Symphonie n°9 en mi mineur opus 95 “Du Nouveau Monde”
Le chant, le piano et l’orchestre sont au programme de cette soirée, en commençant par réunir les trois composantes pour interpréter l’air de concert mozartien « Ch’io mi scordi di te ? Non temer, amato bene ». L’orchestre du Sinfonia Varsovia et Anne Queffélec au piano – entendue ici même avec le même orchestre en 2021 – développent un son d’une agréable rondeur, rejoints par la soprano Marion Tassou. Sa voix présente un certain relief dramatique attendu dans les moments les plus tendus, mais le timbre n’exerce pas une séduction immédiate la plupart du temps, le grave étant souvent discret et les passages d’agilité déstabilisant régulièrement la fermeté de la ligne vocale. La chanteuse parvient tout de même à la conclusion sans rencontrer d’accident majeur, et il faut préciser à sa décharge que la voix n’est pas spécialement mise en valeur par l’acoustique de l’auditorium.
Dernier concerto pour piano composé par Mozart, le n°27 met à nouveau en évidence l’adéquation de l’orchestre et de la pianiste au compositeur. Malgré la gestique très démonstrative du jeune chef Aziz Shokhakimov, les tempi ne sont jamais heurtés et la musique avance avec énergie et de forts contrastes pour ce qui concerne les nuances. Les cordes produisent un joli son homogène, ainsi que l’ensemble de la phalange, mises à part sans doute certaines rares notes moins précises aux pupitres de vents, comme les hautbois ou cors.
Anne Queffélec – que nous avions interviewée en 2017 – déroule quant à elle sa technique avec sérénité, des arpèges et trilles magnifiquement réalisés et des cadences inspirées que l’auditeur suit avec la plus grande concentration. Le dialogue entre orchestre et piano, souvent marqué par une espièglerie toute mozartienne, est également passionnant, les artistes mettant toutes leurs qualités au service de la partition.
La délicatesse du jeu d’Anne Queffélec s’épanouit encore davantage dans le bis qu’elle accorde, « un bis ici rituel pour moi » comme elle l’indique au public, soit le Menuet en sol mineur de Haendel interprété avec une sensibilité à fleur de clavier.
Après un court entracte, nous retrouvons l’orchestre du Sinfonia Varsovia seul, sous la direction énergique du chef Aziz Shokhakimov, pour la Symphonie « Du Nouveau Monde » n°9 de Dvorák. Les instruments à vent nous semblent cette fois dans leur meilleure forme, autant les cuivres étincelants que les bois sollicités dans des soli exposés, comme la flûte au cours du premier mouvement ou plus encore le cor anglais dans le deuxième mouvement en Largo qui répète sa mélodie mélancolique. Les contrastes sont d’ailleurs frappants entre ces moments d’intimité musicale et les tutti déchaînés de l’orchestre. Les spectateurs, venus en masse pour ce concert et qui remplissent complètement les gradins, font un triomphe aux artistes. Il est à noter que c’était aussi le cas à Orange trois jours plus tôt à l’issue de cette même symphonie, ce qui confirme l’intérêt de programmer cette pièce aux mélodies de grande notoriété, afin d’attirer et de satisfaire le public.
F.J. Photos Valentine Chauvin
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