Festival international de piano de La Roque d’Anthéron 2021.
Récital de piano. Lundi 2 août 2021, 9h45, Château de Florans, Auditorium du Parc, La Roque d’Anthéron
Schubert, Impromptu n° 2 de l’opus 90.
Schubert, Wanderer Fantasie
Moussorgski, Tableaux d’une Exposition
Pas de vent, pas de cigales, les conditions étaient parfaites pour entendre Andrei Korobeinikov dans son programme Schubert-Moussorgski. Malgré une carrière internationale déjà riche et une discographie maintes fois primée, ce jeune artiste (né en 1986), également compositeur, mais aussi titulaire d’un diplôme d’avocat, n’a pas encore auprès du public la notoriété, pour en rester aux russes, des Kissin, Lugansky, Volodos ou Berezovsky. Cela explique-t-il l’affluence modeste de ce jour ou faut-il y voir les effets du pass sanitaire et autres mesures imposées par la crise du Covid-19, ou encore de l’heure matinale du concert ?
Celui-ci débutait par Schubert et d’abord son Impromptu n° 2 de l’opus 90. Entrée en matière un peu laborieuse, nous aurions préféré, pour cette œuvre, un peu plus de souplesse et de fluidité dans le jeu.
Suivait la première oeuvre de taille, la Wanderer Fantasie. L’allegro respectait l’indication « con fuoco, ma non troppo », mais manquait, à notre goût, de délié et de clarté ; l’adagio s’achevait dans une belle atmosphère poétique ; le scherzo, maîtrisé, alternait feu et poésie, et le finale, réputé l’un des morceaux techniquement les plus difficiles de Schubert (qui avait lui-même du mal à le jouer) fut mené avec fougue et virtuosité. Et c’est avec enthousiasme que le public salua cette interprétation.
Changement radical d’atmosphère avec la deuxième œuvre d’importance, les Tableaux d’une Exposition, de Moussorgski. Il s’agit là de l’original, longtemps éclipsé par l’orchestration qu’en fit Maurice Ravel, mais qui revient au répertoire des pianistes, preuve en est, cette année à La Roque, son inscription, également, au programme du récital que donnera Rémi Geniet le 13 août.
Korobeinikov nous en a offert une très belle interprétation qui n’avait pas à pâlir de la version orchestrale, sachant rendre les impressions nées de cette promenade au milieu des tableaux de Victor Hartmann. Nous avons noté, entre autres, l’évocation apaisée et nostalgique du « Vecchio Castello », la marche inexorable du chariot de « Bydlo », qui vient puis s’éloigne, le léger ballet des poussins dans leur coque, la plainte de Schmuyle, le pauvre juif suppliant, que Ravel confie à la trompette dans son orchestration, l’agitation du marché de Limoges, une Baba-Yaga fascinante, avant la majesté de la Grande Porte de Kiev.
L’ovation du public était des plus méritées et Korobeinikov offrait deux bis de Rachmaninov : l’allegro con fuoco des Etudes-Tableaux op. 33, court, rapide et virtuose, et le Prélude en mi bémol majeur, op.23, n° 6, plus calme, retenu et poétique.
B.D. Photos Valentine Chauvin
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