Admeto, re di Tessaglia, Georg Friedrich Haendel.
Théâtre de La Criée, Marseille (10 mars 2020). Festival Mars en Baroque
Concerto Soave, direction Jean-Marc Aymes
Samuel Namotte (Ercole), baryton ; Caroline De Mahieu (Admeto), mezzo-soprano ; Julie Vercauteren (Alceste), soprano ; Morgane Heyse (Antigona), soprano ; Logan Lopez Gonzalez (Orindo), contre-ténor ; Rémy Bres (Trasimede), contre-ténor ; Philippe Favette (Meraspe), baryton-basse
Donné pour une unique soirée, en représentation de concert dans le cadre du Festival Mars en Baroque, Admeto, Rè di Tessaglia est un titre rarement joué parmi les nombreuses compositions de Georg Friedrich Haendel. Il en existe à notre connaissance au moins trois enregistrements disponibles (2 DVD et 1 CD dirigé par Alan Curtis… et René Jacobs distribué en Admeto !), ce qui nous permet de constater que le concert joué ce soir, d’une durée de 3 heures y compris un court entracte, ne subit que peu de coupures par rapport à la version du chef Alan Curtis (un peu plus de 3 heures et 30 minutes de musique). Le livret est comparable, par exemple, à celui d’Alceste de Gluck, où le roi Admète mourant est sauvé par sa femme Alceste qui prend sa place au royaume des morts, mais avec une intrigue supplémentaire convoquant Antigone, précédemment promise au mariage avec Admète, ainsi que Trasimede, amoureux d’Antigone.
Les 15 musiciens de la formation Concerto Soave sont disposés sur le plateau en une file en arc de cercle, avec deux clavecins aux extrémités : celui de Mathieu Valfré à droite qui assure un dynamique continuo avec le violoncelle de Cécile Vérolles, et Jean-Marc Aymes à gauche qui prend également la responsabilité de la direction de l’ensemble. Dès l’ouverture, on apprécie la qualité de cet ensemble baroque, dans une acoustique assez favorable à la partie instrumentale.
Les pupitres des solistes chanteurs sont posés dans l’espace ménagé à l’intérieur du grand arc de cercle, les solistes venant et s’en allant après leurs airs, sans mise en espace. Dans le rôle-titre d’Admeto, la mezzo Caroline De Mahieu développe une jolie voix d’essence baroque, de volume réduit, mais touchante dans son lamento lorsque le roi se meurt. Julie Vercauteren (Alceste), accompagnée par une flûte supplémentaire qui entre en scène pour son air « Luci care », se montre musicale, avec un registre grave cependant moins ferme. C’est la soprano Morgane Heyse (Antigona) qui nous fait la meilleure impression, avec davantage de mordant, une séduction vocale plus immédiate, et techniquement des trilles bien tenus et une virtuosité suffisante pour affronter l’écriture par séquences très fleurie de la partition.
Côté masculin, les voix aiguës des deux contre-ténors sont agréables : en premier lieu celle de Rémy Bres (Trasimede), beau timbre ferme, de qualité homogène sur l’étendue de la tessiture, très beau dans ses moments élégiaques, moins à l’aise sur quelques traits d’agilité rapides, et d’autre part Logan Lopez Gonzalez (Orindo), dans un rôle qui tire plus vers le comique, chanteur expressif mais limité dans le medium et grave. Le baryton Samuel Namotte remplit son office en Ercole, la puissance n’est pas démesurée mais correspond à ce type d’ouvrage, tandis que Philippe Favette (Meraspe) fait entendre une voix plus grave, tendant vers la basse, mais l’instrument ne sonne pas exactement avec la stabilité attendue.
On allait oublier le fugace effet de mise en scène au cours de la soirée, c’est-à-dire des lumières rouges qui s’allument pour la scène aux enfers. Les surtitres, en français uniquement, aident grandement le public à suivre cet opéra, qui gagnerait très certainement à être représenté en version scénique. (F.J. Photos I.F.)
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