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David Brécourt a tourné pour la télévision dans des séries comme Sous le soleil. Mais il a surtout débuté au théâtre et a beaucoup joué avec Philippe Lellouche et Christian Vadim dans des pièces à succès. Il a souvent été acteur dans des comédies, comme l’une des deux pièces qu’il joue à Avignon cette année : Brexit sentimental, mais il a aussi abordé des sujets plus graves comme dans Kamikazes et surtout dans En ce temps-là l’amour. Cette pièce qu’il porte maintenant depuis trois ans est son premier seul en scène, un texte fort et poignant, élu meilleur spectacle du off l’an dernier, dans lequel un père devenu grand-père décide de raconter à son fils sa rencontre avec un père et un fils dans un train de déportation vers Auschwitz.
-Quelle est la genèse du spectacle En ce temps-là l’amour ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de porter ce texte sur scène ?
-Je jouais Kamikazes de Stéphane Guérin au Buffon et Christophe Gand, le metteur en scène de En ce temps-là l’amour, m’a proposé ce texte ; il m’a dit de prendre mon temps pour lui donner une réponse, je lui ai dit que je le lisais en rentrant et que je lui répondais ensuite. Et là je suis rentré, j’ai lu le texte, j’ai été ému, j’ai chialé et j’ai tout de suite décidé d’y aller. Ensuite on a fait une lecture au Petit Montparnasse à Paris, puis on a monté le projet avec les producteurs, l’Adami pour une création en 2019 Au coin de la Lune. C’était difficile au début, une création, un seul en scène, le matin, mais assez rapidement la salle s’est bien remplie. En 2020, j’ai joué la pièce au Petit Mathurin à Paris mais avec les gilets jaunes, ensuite la Covid… ça a été compliqué. On a repris le spectacle en juillet 2021 à La Luna, cela fonctionnait bien, même si on a ressenti l’effet Pass sanitaire et le dernier jour, la consécration, le prix du meilleur spectacle du Off, un prix qui me plaît car il récompense vraiment toute l’équipe qui est avec moi sur ce spectacle. Cette année c’est l’apothéose, on refuse même du monde ; c’est comme un conte de fées, cela n’a pas été facile au début, mais je suis vraiment content d’en être arrivé là.
-Vous avez joué ce texte au Mémorial de la Shoah à Paris, comment cela a-t-il pu se faire ? Qu’est-ce que vous avez ressenti alors ? Quelles envies avez-vous pour la poursuite de ce spectacle ?
-C’est en fait le Mémorial de la Shoah qui a pris contact avec moi car ils avaient vu le spectacle au théâtre du Gymnase et ils m’ont demandé de venir le jouer sur le parvis du Mémorial, lors de la nuit des musées. C’était une émotion incroyable pour moi de le jouer dans ce lieu. Je suis en contact depuis avec le directeur des Mémoriaux de France qui aimerait faire jouer ce spectacle dans des lieux de souvenirs, à Pithiviers, au Camp des Milles (à Aix-en-Provence, NDLR)… Ce sont des projets qui me tiennent à cœur. Comme on parle d’un train, j’aimerais aussi le jouer dans une gare. Et le projet auquel je tiens vraiment, c’est de jouer la pièce à Auschwitz, d’y emmener une classe avec moi, j’y travaille. J’ai beaucoup de projets et d’envies pour ce spectacle. Plus je vieillis, plus je me rapproche de l’âge du rôle, c’est donc encore plus fort.
-Dans quel état d’esprit abordez-vous ce festival, sachant que vous jouez deux pièces totalement différentes ? Comment se sont passés ces premiers jours ?
-C’est la première fois que je joue deux spectacles. Le premier est une comédie, un drame aussi, je me concentre sur la comédie, je ne pense pas au spectacle du soir pendant Brexit sentimental. Puis une fois que j’ai fini de le jouer, je suis excité à l’idée d’arriver au soir. Ce spectacle En ce temps-là l’amour, c’est mon bébé. Je suis ému d’arriver de plus en plus à fusionner avec ce personnage. J’apprécie en plus beaucoup travailler avec les gens de la Luna. Je suis fier de ce spectacle.
-Jouer pour la télévision, le cinéma ou pour le théâtre est très différent, que préférez-vous ?
-Sans hésitation, je préfère le théâtre, c’est toute ma vie, j’ai commencé depuis l’âge de 12 ans à être sur scène. Jouer un seul en scène, c’est le Graal, c’est ce qu’il y a de plus dur, mais une fois que l’on maîtrise, on ne peut compter que sur soi-même. Jouer ce spectacle a débloqué beaucoup de choses en moi, même dans ma vie personnelle. Le fait d’avoir travaillé avec Vadim et Lellouche et d’être tout le temps ensemble, cela m’a donné une aisance, qui m’a permis d’être prêt à jouer seul.
-Quels sont vos projets ?
-J’ai le projet de jouer avec ma femme Alexandra Sarramova la pièce Duo pour un violon seul pour une création l’année prochaine à Avignon. Francis Huster l’avait jouée avec Christiana Reali. L’histoire vraie de Jacqueline Dupré, une grande violoncelliste atteinte de sclérose en plaques. Et bien sûr continuer à tourner En ce temps-là l’amour. Nous avons d’ailleurs plusieurs dates prévues en Provence : Sanary le 2 août, Èze–village le 6 août, là où ma fille aînée habite, je vais jouer en extérieur, sur la place de l’Eglise, là aussi un lieu très fort, Senas le 15 octobre, Vitrolles le 16 octobre…
Propos recueillis par Sandrine
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