Les Carrières des Lumières des Baux-de-Provence (site officiel), viennent de s’ouvrir pour un an sur leur nouvelle exposition : « De Vermeer à Van Gogh, les maîtres hollandais » – programme long -, et « Mondrian, l’architecte de la couleur » – programme court -. On ne change pas une recette qui a séduit plus 620.000 visiteurs en 2019, dernière année avant la pandémie : des milliers d’images, fixes ou animées, font vibrer les parois, les piliers et le sol des carrières de calcaire, en immersion totale dans un univers XXL. Mais cette année, c’est la jeune Virginie Martin qui a signé les deux programmes.
S’ajoutera sous peu l’exposition immersive Tintin.
Voir aussi l’histoire des Carrières
-Quel est le fil rouge de votre exposition ?
–J’ai voulu créer un voyage multisensoriel aux univers différents ; on doit se laisser porter, et s’approprier cette expérience.
-Quelle est la relation de la musique à l’image ?
-La musique a été travaillée en rapport avec les œuvres picturales ; pour Vermeer, elle est calme, comme suspendue dans le temps ; elle est plus violente lors de la conquête des mers. Prokofiev accompagne les natures mortes, qu’il rend vivantes dans le temps. Dans les quelques passages les plus forts, la musique les souligne, elle réveille le récit.
-Vous aviez déjà réalisé le programme court de 2021 sur Kandinsky. Le programme long, c’est un nouveau défi ?
–J’ai l’habitude des expositions ailleurs, mais le sujet figuratif est nouveau pour moi. Ici, avec beaucoup de peintres, et de multiples différences d’un thème à l’autre, il a fallu beaucoup travailler et retravailler pour trouver un fil conducteur, et adapter au lieu…
-Quels ont été vos critères de choix ?…
–J’ai lu beaucoup d’ouvrages, j’ai travaillé avec une scénographe, mais on ne peut être exhaustif. J’ai écouté mon ressenti par rapport aux œuvres, comme mon émotion devant les autoportraits de Rembrandt. Et les éléments climatiques sont très présents aussi, la neige, le vent, les ciels chargés, et cette lumière si particulière.
-Liberté ou continuité par rapport aux expositions antérieures ?
-J’ai la liberté de raconter mon choix de façon toute personnelle.
-Quant à Mondrian, vous avez bien montré le cheminement du peintre, du figuratif vers ce que l’on connaît le plus de lui, l’abstraction et les couleurs primaires.
–Là aussi j’ai voulu raconter mes émotions, ce côté binaire entre le plein et le vide, jusqu’au néoplasticisme. Passer de ces crépuscules à la couleur, du réalisme au motif de l’arbre, dans une démarche de simplification, jusqu’à ces quadrillages. Et toute sa peinture vibre ici au son du jazz.
-La modernité de Mondrian, soulignée par la musique, est peut-être l’écho de celle des peintres hollandais, moins visible pour nous, mais évidente à leur époque.
–En effet, tous sont étonnants de créativité. C’est une sorte de continuité dans la modernité.
Propos recueillis par G.ad.
Laisser un commentaire