Le « Miracle » annoncé
« Le Miracle ». Opéra Grand Avignon, vendredi 26 novembre 2021, 20h30, durée 1h40.
Orchestre National en région Avignon-Provence (site officiel). Direction, Ariane Matiakh. Violon, Liya Petrova
Mel Bonis, Suite de Valses. Joseph Haydn, Symphonie n° 96 « Le Miracle ». Ludwig van Beethoven, Concerto pour violon et orchestre
« Miracle ? » Le public n’avait pas vraiment répondu à cette affiche pour ce deuxième des huit concerts d’abonnement, les étages du théâtre présentant de nombreux vides. Si les œuvres de la première partie ne sont pas des plus connues, il est curieux que le concerto de Beethoven n’ait pas attiré plus de monde. Effet du froid, qui retient à la maison, inquiétude face à la 5ème vague de la covid, interprètes encore insuffisamment connus du grand public ? Pourtant ce concert fut de très bonne tenue.
Debora Waldman avait, pour l’occasion, laissé la place à une cheffe invitée, Ariane Matiakh, à la carrière internationale déjà bien affirmée. Fidèle à son habitude, elle avait inscrit en début de programme l’œuvre d’une compositrice, une Suite de Valses, de la parisienne Mélanie Bonis (1858-1937). Après la 1ère symphonie de Louise Farenc, cette exploration du répertoire « féminin » continue ainsi d’apporter d’heureuses surprises et ces quatre valses en font partie. Ecrites pour un petit orchestre (quatuor, 1 flûte, 1 hautbois, 2 cors, 2 clarinettes, 1 basson, timbales), elles reflètent bien la musique française de leur temps. Légères, animées ou plus lentes, c’est de la jolie musique, qui s’écoute avec plaisir et invite à découvrir plus avant l’œuvre de Mel Bonis.
C’est une symphonie de Haydn bien comprise et maîtrisée dans toutes ses nuances que nous offrait ensuite Ariane Matiakh à la tête d’un orchestre homogène et appliqué. Cette symphonie, sans doute pas la plus donnée, doit son nom de « Miracle » à la chute d’un lustre détaché du plafond de la salle lors de sa création en 1795, incident qui ne fit aucune victime ; elle est d’une belle écriture que nos musiciens ont su mettre en valeur. Nous avons apprécié en particulier le beau solo du hautbois de Frédérique Costantini dans le 3ème mouvement (menuetto) et le bel entrain du mouvement final.
Il est à regretter les applaudissements inappropriés d’un groupe d’enfants, qui ont quelque peu perturbé l’écoute, entre les mouvements et sur les silences en plein milieu des deux premiers mouvements. Mais nous leur pardonnerons volontiers, heureux qu’ils assistent, sans doute, à leur premier concert symphonique.
Venait enfin la pièce majeure du concert, le concerto pour violon de Beethoven, avec en soliste la jeune Bulgare Liya Petrova, précédée déjà d’une excellente réputation. Elle ne nous a pas déçus. Il faut avouer qu’elle possède un excellent violon (Bergonzi, Crémone, 1735), dont elle tire, sans effort apparent, les plus belles sonorités. Maîtrise de l’instrument, sons clairs, aigus réussis, virtuosité, toutes qualités démontrées en particulier dans la cadence inhabituelle du 1er mouvement, avec accompagnement de la timbale, une cadence, cependant, que certains ont pu trouver un peu longue, interrompant trop la progression du mouvement.
Après une introduction manquant un peu de dynamisme à mon goût, Ariane Matiakh a bien mené son orchestre et le dialogue avec la soliste, offrant en particulier un 2ème mouvement calme et serein, au violon chantant, et un 3ème mouvement gai, sautillant, parfois plus lyrique ou marqué de notes espiègles du violon solo.
Un beau concert en conclusion, couronné des acclamations du public, et une artiste à suivre.
B.D. Photos Marco Borggreve (portraits) & David Giancatarina
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