Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence le jeudi 13 avril 2023
Festival de Pâques d’Aix-en-Provence 2023
Karajan-Akademie du Philharmonique de Berlin. Lionel Bringuier, direction. Alix Le Saux, mezzo-soprano
Maurice Ravel, Le Tombeau de Couperin. Hector Berlioz, Les Nuits d’été. Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 4 en si bémol majeur
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Le Philharmonique de Berlin est souvent considéré comme le meilleur orchestre au monde. Actuellement dirigé par le génial Kirill Petrenko, c’est Herbert von Karajan qui détient toutefois le record de longévité à la tête de la glorieuse phalange, avec une durée de 34 ans entre 1954 et 1989. Il fut d’ailleurs nommé chef à vie en 1955, et quitta effectivement son poste seulement quelques mois avant sa mort en 1989. Fondée au début des années 1970, la Karajan-Akademie du Philharmonique de Berlin rassemble les meilleurs jeunes musiciens européens, une antichambre des plus grandes formations. Conformément à la devise du maître « Apprenez auprès des professionnels », les jeunes travaillent avec des musiciens expérimentés de l’Orchestre philharmonique de Berlin, une préparation somme toute idéale.
L’ensemble est placé ce soir sous la baguette du Niçois Lionel Bringuier, chef de 36 ans et déjà présent l’année dernière au festival de Pâques, alors avec l’Orchestre Philharmonique de Nice. Dès Le Tombeau de Couperin de Maurice Ravel, on sent une compréhension mutuelle, une complicité entre le chef et ses instrumentistes du soir. Avec deux titulaires par pupitre pour les bois et cuivres, l’effectif est plutôt réduit visuellement sur le plateau, mais le son n’en ressort pas moins plein et serein. Les deux hautbois et deux clarinettes font ainsi preuve d’une grande virtuosité dans le premier mouvement, c’est aussi le cas un peu plus tard pour la flûte. Les cordes, en nombre plus important, installent un tapis musical de toute beauté, dont l’écoute, à l’aveugle, nous ferait davantage penser à un orchestre professionnel de premier ordre.
La mezzo-soprano Alix Le Saux entre ensuite en scène pour interpréter Les Nuits d’été d’Hector Berlioz. Si le timbre pas spécialement rond et accompagné d’une pointe d’acidité ne séduit pas d’emblée dans les deux premières mélodies (merveilleux violoncelle solo dans « Le spectre de la rose »), on apprécie la musicalité précise de la chanteuse et ses efforts d’élocution du texte. Le frémissement de l’instrument nous semble correspondre bien mieux aux mélodies suivantes « Sur les lagunes », « Absence » et « Au cimetière », à l’intonation très juste mais au registre grave parfois plus discret, avant la dernière « L’île inconnue ». L’accompagnement orchestral est un délice tout du long, empreint le plus souvent de délicatesse et de raffinement.
Après l’entracte, c’est une œuvre bien dans l’ADN du Philharmonique de Berlin et de sa Karajan-Akademie qui est jouée, soit la Symphonie n°4 de Beethoven. Là encore, les jeunes instrumentistes se montrent très aguerris techniquement et assurent une forte cohésion d’ensemble, sous la baguette dynamique de Lionel Bringuier. Les cordes sont soyeuses et l’apport des cuivres et percussions donne une grande allure à la formation. Les deux derniers mouvements (Allegro vivace, puis Allegro ma non troppo) sont parfois virevoltants, un Beethoven vif-argent joué avec maîtrise dans la rapidité d’exécution.
On passe à Mozart pour le bis accordé, une splendide ouverture des Nozze di Figaro dans un très harmonieux équilibre de l’orchestre, où chaque musicien peut développer ses phrases mélodiques et se faire entendre avec précision par l’auditeur.
I.F. Photos I.F.
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