Parc du Château de Florans, La Roque d’Anthéron, 11 août 2020
Auditorium du Parc à 10h00 :
Beethoven, Concerto pour piano et orchestre n°5 en mi bémol majeur opus 73 « L’Empereur », transcription pour piano et quintette à cordes de V. Lachner
Jean-François Heisser, piano ; Quatuor Akilone, quatuor à cordes ; Pénélope Poincheval, contrebasse
Espace Florans à 17h00 :
Beethoven, Concerto pour piano et orchestre n°1 en ut majeur opus 15, transcription pour piano et quintette à cordes de V. Lachner
Marie-Ange Nguci, piano ; Quatuor Ardeo, quatuor à cordes ; Pénélope Poincheval, contrebasse
Beethoven, Concerto pour piano et orchestre n°2 en si bémol majeur opus 19, transcription pour piano et quintette à cordes de V. Lachner
Marie-Ange Nguci, piano ; Quatuor Akilone, quatuor à cordes ; Pénélope Poincheval, contrebasse
Auditorium du Parc à 21h00 :
Beethoven, Concerto pour piano et orchestre n°4 en sol majeur opus 58, transcription pour piano et quintette à cordes de V. Lachner
Jonas Vitaud, piano ; Quatuor Ardeo, quatuor à cordes ; Pénélope Poincheval, contrebasse
Beethoven : Concerto pour piano et orchestre n°3 en ut mineur opus 37, transcription pour piano et quintette à cordes de V. Lachner
David Kadouch : piano ; Quatuor Ardeo : quatuor à cordes ; Pénélope Poincheval : contrebasse
Deuxième grand temps fort des célébrations du 250ème anniversaire de naissance de Beethoven (1770-1827), après l’intégrale des 32 sonates pour piano, voici ses cinq concertos pour piano donnés en trois concerts étalés sur la journée du 11 août.
Le concerto n°5 « L’Empereur » est un concert particulièrement chaleureux… c’est peu de le dire ! Le matin à 10h00, le public est assis dans son immense majorité sous un soleil de plomb et baigne dans une chaleur difficilement supportable pour certains spectateurs qui préfèrent quitter rapidement leur siège pour trouver un coin d’ombre. Mais avec un chapeau (obligatoire !) et une petite bouteille d’eau, il est envisageable de tenir les 45 minutes du concerto. Le Quatuor Akilone entièrement féminin (Emeline Concé et Elise De-Bendelac aux violons, Hélène Maréchaux à l’alto et Lucie Mercat au violoncelle) renforcé par Pénélope Poincheval à la contrebasse, ont un peu de mal à rivaliser avec la masse orchestrale d’une phalange au complet. On ne peut évidemment pas les en tenir pour responsables, puisque la série complète des concertos est jouée dans la transcription pour piano et quintette à cordes de V. Lachner. Plus qu’interpréter, le quintette dessine les grands tutti orchestraux, le deuxième mouvement « Adagio un poco moto » étant le plus équilibré entre le piano et l’ensemble des cordes, ainsi que le plus séduisant musicalement. Les cordes jouent avec entrain les passages les plus agités mais ne sonnent pas toujours avec une parfaite intonation sur quelques attaques, tandis que le piano de Jean-François Heisser propose une lecture très classique du chef-d’œuvre beethovenien.
On reprend la chronologie des numéros des concertos à 17h00 en extérieur à l’Espace Florans, pour un après-midi complètement féminin. Marie-Ange Nguci officie au piano dans le concerto n°1, un très beau style, dynamique, des notes en arpèges bien détachées, alternant vélocité dans les passages virtuoses et belle sensibilité lors des séquences plus lentes du deuxième mouvement « Largo ». Le Quatuor Ardeo (Carole Petitdemange et Mi-Sa Yang, violons ; Yuko Hara, alto ; Joëlle Martinez, violoncelle), avec la même contrebassiste, nous semblent rencontrer par instants les mêmes problèmes passagers d’intonation que leurs consœurs du matin, rien de catastrophique toutefois, le rendu étant assurément desservi par une sonorisation qui a tendance à écraser les nuances.
C’est le Quatuor Akilone qui est de retour pour le concerto n°2, et qui nous fait une bien meilleure impression que dans leur prestation matinale du n°5. On apprécie le mordant des attaques et l’harmonie collective. Le piano est également passionnant, en particulier son très beau discours en fin de premier mouvement. Marie-Ange Nguci accorde pour conclure un bis au piano seul, Les cloches de las Palmas de Camille Saint-Saëns.
Retour à l’auditorium en soirée avec deux très grands pianistes qui se succèdent. C’est d’abord à Jonas Vitaud d’interpréter le concerto n°4, un piano très robuste techniquement et d’une grande finesse dans les détails les plus doux. Il ne tient d’ailleurs pas seulement le rôle du soliste, mais donne les départs aux cordes de la main ou bien d’un geste de la tête, jouant à peu près constamment en regardant ses collègues. Celles-ci – le Quatuor Ardeo et la contrebassiste Pénélope Poincheval qui n’aura décidemment pas chômé pendant toute la journée ! – s’en trouvent vraisemblablement encore plus impliquées et nous procurent une bien meilleure sensation que l’après-midi à l’Espace Florans. Jonas Vitaud choisit encore Beethoven en bis, la 3ème bagatelle « Andante » parmi les Six Bagatelles opus 126 du compositeur.
David Kadouch prend le relais pour le concerto n°3, un piano là aussi à la technique particulièrement aguerrie et qui propose quelques nuances originales, certaines frappes bien appuyées au détour de quelques phrases musicales. Au cours du deuxième mouvement « Largo », le soliste et les cordes rivalisent de douceur et d’élégance dans la conduite de la ligne musicale. Pour terminer cette journée, David Kadouch offre deux bis, d’abord « Jésus que ma joie demeure » de Bach, puis un Nocturne de Chopin (opus 9, n°2). (F.J.)
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