Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence le mardi 10 décembre 2019
Le Cercle de l’Harmonie
Chœurs du Conservatoire Darius Milhaud
Jérémie Rhorer, direction ; Eléonore Pancrazi, mezzo-soprano
Hector Berlioz, Marche Hongroise (extrait de La Damnation de Faust), Le Spectre de la Rose (extrait des Nuits d’été), Danse des Sylphes (extrait de La Damnation de Faust), L’Adieu des Bergers (extrait de L’Enfance du Christ), Un bal (extrait de la Symphonie Fantastique)
Gioachino Rossini, Le Barbier de Séville (ouverture), Air de la Romance du Saule (extrait d’Otello)
Richard Wagner, Chœur des Pèlerins (extrait de Tannhäuser)
En toute fin d’année pour le 150e anniversaire de la disparition de Berlioz, un concert qui laisse sur sa faim !
Le Grand Théâtre de Provence participe – juste à temps en cette fin d’année 2019 ! – aux manifestations qui ont marqué, ces derniers mois, le 150ème anniversaire de la disparition d’Hector Berlioz (1803-1869). L’affiche « Gala Berlioz » n’est toutefois pas exclusive du génial compositeur français, puisque deux collègues émérites se sont invités… Gioachino Rossini et Richard Wagner !
Le Cercle de l’Harmonie, placé sous la baguette de son chef et fondateur Jérémie Rhorer, n’est pas le premier orchestre à jouer Berlioz sur instruments d’époque : on pense en premier lieu à John Eliott Gardiner et son Orchestre Révolutionnaire et Romantique, une référence dans ce répertoire. La Marche Hongroise, de La Damnation de Faust, a ce soir quelques accents baroques aux pupitres de bois, un son moins étincelant aux cuivres, ce qui n’empêche pas un final bien plus volumineux. Une constante au cours de ce bref concert (annoncé à une heure et cinq minutes, sans entracte), les cordes sont splendides, assurant une constante cohésion de cette partie de l’orchestre.
Le sublime Spectre de la Rose, extrait des Nuits d’été, nous permet d’admirer la jeune mezzo française Eléonore Pancrazi, une voix qui n’est pas énorme mais très musicale et homogène sur toute la tessiture, avec des graves bien exprimés. La longueur de souffle est appréciable et lui permet de ciseler chaque mot, la diction étant essentielle dans cet extrait.
La Danse des Sylphes, de La Damnation de Faust, constitue ensuite une curiosité, tellement le rythme est pris avec une incroyable lenteur. La Danse, qui habituellement peut évoquer une valse assez joyeuse, paraît ce soir dénaturée… et a de quoi véritablement endormir Faust ! Pour l’extrait suivant de L’Enfance du Christ, les chœurs du Conservatoire d’Aix-en-Provence Darius Milhaud se lèvent et portent une attention soutenue aux nuances indiquées par le chef. Ils sont accompagnés par une musique toute de sérénité et douceur.
L’ouverture du Barbiere di Siviglia qui succède fait entendre quelques solistes bien moins aguerris techniquement (hautbois, basson, cors), quand d’autres font un sans-faute (clarinette, flûte). Le chef parvient à animer énergiquement la partition, pour un finale en bon tourbillon rossinien. Eléonore Pancrazi revient pour interpréter l’air du Saule de Desdemona, dans le dernier acte d’Otello… toujours de Rossini, et non pas Verdi ! Dès les premières mesures, l’instrument semble manquer d’une certaine ampleur, quand on a dans l’oreille certaines de ses aînées dans ce rôle (Anderson, Gasdia, Devia, et même Bartoli), mais au fur et à mesure, on s’adapte à ce volume adéquat au faible flux musical de cette cantilène remplie de mélancolie et de douleur. La chanteuse se montre souple sur les brefs passages d’agilité et fait passer l’émotion de la pauvre Desdemona.
Fallait-il mettre à l’affiche le Chœur des Pèlerins de Tannhäuser ? On peut se le demander à l’issue d’une interprétation qui ne restera pas dans les annales, des chœurs rapidement en lutte avec la bonne intonation et un orchestre qui a bien du mal à produire une envolée et un souffle wagnériens…
En bis, Jérémie Rhorer annonce au public une pièce de Berlioz, n’en déplaise aux Aixois… il s’agit bien sûr de La Marseillaise orchestrée par le génial Hector. Puis pour clore la soirée (d’une durée très précise d’une heure et huit minutes !), la seconde exécution de la Marche Hongroise est plutôt inférieure à la première interprétation, avec un pupitre de cors en limite de couacs à répétition, mais qui évite tout de même l’accident flagrant. (F.J. Photo Jérôme Jouve)
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