Michel Legrand : Avignon l’avait accueilli…
Michel Legrand vient de décéder ce samedi 26 janvier au matin. Une pleurésie l’avait déjà affaibli l’automne dernier, mais il continuait à préparer un spectacle au théâtre Marigny à Paris. C’est une légende qui s’éteint aujourd’hui… Chacun a fredonné ses mélodies, a vu ses films, les Parapluies de Cherbourg (1964) et les Demoiselles de Rochefort (1967) en tête. Compositeur aux 3 oscars, musicien (élève notamment de Nadia Boulanger), chanteur, son insatiable jeunesse de cœur lui lançait sans cesse de nouveaux défis.
L’Opéra d’Avignon l’avait accueilli dans la saison 2011-2012 avec Natalie Dessay lors de la tournée de promotion de leur premier opus « Entre elle et lui ». Après deux heures de concert avec l’énergie qu’on imagine, l’alerte octogénaire était à peine fatigué, alors que la soirée se poursuivait par la rencontre avec quelques personnes de l’opéra et de la presse. Il devisait en souriant avec chacun, évoquant ses projets, car il n’en manquait pas, encore et toujours. Un homme d’une délicieuse simplicité. Sa compagne d’alors, la « jeune » (née en 1948) et talentueuse harpiste Catherine Michel, dont il s’est séparé en 2013 pour retrouver et épouser Macha Méril rencontrée 50 ans plus tôt, était aux petits soins pour lui…
Etait venu le saluer en ami Jean-Claude Calon, acteur, metteur en scène (les récents « 3 ténors français »), qui préparait alors un spectacle à Avignon. « Un ami de 44 ans, qui avai[t] monté avec lui le Comte de Monte Cristo et le Passe-Muraille, tous deux gravés sur CD ». Un ami très affecté par sa disparition.
C’est Raymond Duffaut, conseiller artistique de l’Opéra, qui avait invité le duo Legrand-Dessay. Il salue aujourd’hui en Michel Legrand « un immense musicien, un remarquable compositeur, qui aura marqué son époque ». Quelques mois ou quelques années avant cette tournée, il avait eu avec lui un premier contact : « il m’avait appelé (je ne sais comment il me connaissait) pour un rendez-vous parisien avec lui et Eric-Emmanuel Schmitt. Ils avaient ensemble le projet de monter une comédie musicale à partir de la pièce Oscar et la dame en rose, qu’on avait d’ailleurs programmée au Thor, avec la lumineuse Danielle Darrieux. Nous avions même envisagé des noms de chanteuses pour assumer le rôle. L’un et l’autre souhaitaient une maison d’opéra possédant un atelier couture et un atelier décors ; or si nous avions (et encore aujourd’hui) la couture, en revanche nous n’avions plus les décors. Et le projet ne s’est pas réalisé, comme cela arrive pour d’autres productions ». (G.ad.)