Un programme qui fait l’unanimité, même si les instruments d’époque « feutrent » quelque peu le son
Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence mardi 14 mars 2023
Le Cercle de l’Harmonie. Jérémie Rhorer, direction
Johann Strauss II, Die Fledermaus (La Chauve-Souris), ouverture. Johannes Brahms, Danses hongroises n° 1, 3, 5 et 10. Antonín Dvořák, Danses slaves. Johannes Brahms, Symphonie n° 3
C’est à des musiques de compositeurs d’Europe centrale que nous convient le chef Jérémie Rhorer et son orchestre du Cercle de l’Harmonie. On sait que la formation joue sur instruments d’époque, et l’ouverture de La Chauve-Souris de Johann Strauss nous le confirme dès les premières mesures : si les cordes font preuve d’une belle vivacité, notre oreille est bien plus habituée à un brillant typiquement viennois de la part des cuivres. Ces pupitres marquent sans doute la différence la plus importante entre instruments d’époque et modernes, le son étant ici bien moins métallique et volumineux que ce que produisent les ensembles dits « classiques ».
L’oreille s’habitue cependant peu à peu au caractère acoustique de l’orchestre, on apprécie le beau moelleux des cordes au cours des quatre Danses hongroises de Brahms, successivement interprétées. Suivant les numéros, le rythme est plus ou moins vif, parfois endiablé avec une partition qui se rapproche par séquences de la musique tsigane. Parmi les tubes de la musique classique, la Danse n°5 ravit le public qui fait salle comble ce soir, tandis que la n°3 précédente dégageait davantage de mystère, en donnant une place de choix aux solistes bois, le hautbois en particulier.
Les trois Danses slaves d’Antonín Dvořák sont des pièces plus longues, souvent – et justement ! – très dansantes et qui donnent ici le sentiment d’une riche orchestration. Les contrastes sont aussi très bien dessinés, entre les puissants tutti orchestraux et les petites mélodies, souvent teintées de folklore, comme les bois contrepointés par les cors au cours de la première danse. Là encore, les bois ont fort à faire dans leurs soli, comme la flûte, ou le hautbois, le plus souvent sollicité et qui apporte sa dose de mélancolie à ces pages.
Johannes Brahms est de retour après l’entracte avec sa Symphonie n° 3, où le défaut de clinquant des cuivres revient avec une certaine évidence à l’entame, par rapport à nos habitudes d’écoute. Mais, de nouveau, on s’habitue assez rapidement à cette typologie de son qui présente davantage de rondeur voire de douceur. On goûte à la superbe cohésion et à l’élégance des cordes, et chapeau bas une fois encore à l’ensemble des instruments à vents, comme le joli ensemble des bois et cors dans le deuxième mouvement. La mélodie très connue du troisième mouvement passe d’instrument en instrument, tandis qu’on se surprend lors du quatrième et dernier mouvement à avoir totalement oublié la réserve formulée initialement sur le moindre métal de certains instruments. L’orchestre est ici en effet complètement équilibré, dégageant un brillant certain, voire une majesté maîtrisée dans le final.
En réponse aux applaudissements nourris de l’auditoire, Jérémie Rhorer et son Cercle de l’Harmonie, orchestre particulièrement expressif, jouent à nouveau deux Danses hongroises de Brahms, dont la très connue n°5 qui ravit les oreilles et les cœurs.
F.J. Photo Caroline Doutre
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