Image d’horreur, mais spectacle superbe
Du 16 au 23 juillet à 19h (relâche le 20), durée 1h15, au Gymnase du lycée Mistral.
Traduction française du titre : « Statuette de sucre, la fête des morts ».
Avec Tiebeu Marc-Henry Brissy Ghadout (Pasqualino), Sandro Maria Campagna (Pedro), Martina Caracappa (zia Rita), Federica Greco (Primula), Giuseppe Lino (Papà), Carmine Maringola (il Vecchio), Valter Sarzi Sartori (zio Antonio) , Maria Sgro (Viola), Stephanie Taillandier (Mammina), Nancy Trabona (Rosa)
Texte et mise en scène Emma Dante (notre entretien ici)
Librement inspiré du Conte des Contes de Giambattista Basile
Sculpture Cesare Inzerillo. Lumière Cristian Zucaro. Costumes Emma Dante. Assistanat costumes Italia Carroccio
Traduction en français pour le surtitrage Juliane Regler. Surtitrage Franco Vena. Assistante de production Daniela Gusmano. Coordination et distribution Aldo Miguel Grompone
Production déléguée en France Châteauvallon-Liberté Scène nationale
Coproduction Teatro di Napoli Teatro Nazionale (Naples), ExtraPôle Provence-Alpes-Côte d’Azur, Teatro Biondo (Palerme), La Criée Théâtre national de Marseille, Festival d’Avignon, Anthéa Antipolis Théâtre d’Antibes
Avec le soutien de la Drac Provence-Alpes-Côte d’Azur (fonds d’insertion pour les jeunes artistes dramatiques), Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et pour la 75e édition du Festival d’Avignon : Institut culturel italien de Marseille
Huit pantins désarticulés suspendus à un portant. Pareilles à ces momies des capucins de Palerme, les figures que le sculpteur Cesare Inzerillo a réalisées pour Pupo di zucchero, le nouvel opus d’Emma Dante (notre entretien ici), saisissent d’horreur le public du Festival. Voilà le miroir que tend au public la metteure en scène italienne à la fin de sa toute nouvelle création. Dans une mise en abyme saisissante, les âmes des défunts qui les ont portées avec affection s’enfoncent dans le noir du fond de scène. Rideau. En attendant, plus d’une heure durant, la Cie Sud Costa occidentale aura fait danser les morts. Seul survivant d’une nombreuse famille, un vieillard prépare, selon une coutume du sud de l’Italie, une statuette de sucre qu’il doit offrir aux défunts la nuit du 2 novembre. Pris de sommeil, et piquant du nez dans son assiette, il se redresse, enfariné. Le ton est donné : comme à son habitude, Emma Dante se rit des misères et des malheurs de la vie. Et les morts avec elle, plus colorés, plus vivants encore, plus insupportables et facétieux peut-être qu’ils ne l’ont jamais été. Les trois sœurs mortes du typhus, chantent, rit, aiment et se chamaillent. La tante Rita allume son amant qui la roue de coups. Le fils adoptif chaparde dans les placards de la cuisine… Emma Dante joue avec les codes des portraits de famille, et nous montre qu’en aimant les morts, on aime la vie. Superbe.
S. G.-T. Photo Raynaud de Lage
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